Sur un ton peu diplomatique, le pouvoir algérien s'en est pris aux Etats arabes ayant proposé de combler le fossé abyssal dans ses relations avec Rabat. Les auteurs de ces initiatives semble ignorer la responsabilité du Maroc dans l'état actuel, répond la diplomatie algérienne. Après un silence de quelques jours, l'Algérie a fini par sortir des bois au sujet des projets de médiation tentés par des Etats arabes, en vue de parvenir à une sortie de crise diplomatique avec le Maroc. Le voisin de l'Est a opposé un niet catégorique à toutes les initiatives, a indiqué, sous couvert d'anonymat, un diplomate algérien au média russe Sputnik. L'Algérie a démenti, par la même voix, toutes les annonces officielles à ce sujet, les qualifiant de simples «spéculations médiatiques». Pourtant, Ramtane Lamamra a révélé lui-même avoir reçu des appels téléphoniques de ses homologues égyptien et saoudien, ayant porté sur la rupture des liens diplomatiques avec le Maroc. «Les Algériens ne sont pas prêts à répéter le scénario de juillet 1988, qui a permis aux deux pays de rétablir les relations entre eux après une rupture de douze années», indique-t-on, en guise de réponse tranchée quant aux propositions faites par les ministres des Affaires étrangères de l'Egypte, du Koweït, de l'Arabie saoudite et de la Mauritanie. Dans son réquisitoire, le diplomate a saisi l'opportunité de cette sortie anonyme pour tirer à boulets rouges sur toutes les intentions visant à combler le fossé abyssal entre les deux voisins ennemis. «L'idée réductrice et superficielle de médiation ignore la gravité des responsabilités du Maroc dans la dégradation chronique des relations algéro-marocaines et occulte l'ampleur des dommages politiques et moraux, causés par les faits et les méfaits cautionnés de différents cercles marocains», a-t-il insisté. Le pouvoir algérien a-t-il oublié son sommet arabe ? Une déception, sans doute révélatrice, d'un échec de la diplomatie algérienne à convaincre ces Etats arabes de sa version des faits, communiquée des semaines avant la rupture annoncée le 24 août dernier. Une version officielle qui continue de pointer du doigt, mais sans apporter de preuves étayant ses dires, «un rôle» présumé du royaume dans le déclenchement des feux de forêts en Kabylie et le meurtre du jeune Jamal Bensmail. Des allégations que la revue de l'armée, dont le directeur de publication n'est autre que le général Said Chengriha, a, d'ailleurs, réitérées dans son édition de septembre. Les présidents de la Chambre des représentants et de la Chambre haute ont ensuite joué, également, la même partition dans leurs discours prononcés à l'occasion de l'ouverture de l'année parlementaire. Le diplomate algérien a défendu la décision de son pays de rompre les relations avec le royaume, la qualifiant de «fondée et appropriée, compte tenu de la grave et persistante violation par le Maroc des engagements essentiels qui structurent les relations des deux pays». En s'en prenant de la sorte, et sur un ton peu amène, à des initiatives de pays arabes, le pouvoir algérien risque d'en payer les frais dans les mois à venir, d'autant que sa diplomatie s'active pour persuader les membres de la Ligue des Etats arabes de se réunir à Alger, dans le cadre d'un nouveau sommet arabe. Ce conclave a été initialement prévu l'année dernière, mais il a été reporté à une date ultérieure à cause de la pandémie de la Covid-19. L'Algérie souhaite réunir à ce sommet la majorité des chefs d'Etats arabes pour ne pas tomber dans l'exemple de la réunion de Nouakchott de juillet 2016, boudée par de nombreux présidents et rois.