La fuite en avant des responsables algériens s'accélère. Ils ont décidé de «revoir» les relations avec le Maroc. Une réponse amère à la main tendue par le roi Mohammed VI et aux efforts des Etats-Unis pour rapprocher les deux pays voisins. Abdelmadjid Tebboune a présidé, ce mercredi 18 août, une réunion extraordinaire du Haut Conseil de Sécurité, consacrée à l'examen des feux de forêts que le pays a connus la semaine dernière. Une tribune que l'Algérie officielle a saisi pour réitérer «l'implication des deux mouvements terroristes "MAK" et "Rachad"» dans les incendies et dans «l'assassinat du défunt Djamel Bensmail», indique l'instance dans un communiqué. Le Conseil a enjoint aux forces de sécurités «d'intensifier les efforts pour l'arrestation du reste des individus impliqués dans les deux crimes, ainsi que tous les membres des deux mouvements terroristes qui menacent la sécurité publique et l'unité nationale, jusqu'à leur éradication totale, notamment le "MAK" qui reçoit le soutien et l'aide de parties étrangères, en tête desquelles le Maroc et l'entité sioniste», ajoute la même source sans ambages. Une fois de plus, Alger ménage les véritables soutiens du Mouvement Rachad, qui sont Doha et Ankara. Cette semaine, le chef de la diplomatie algérienne a en effet téléphoné à son homologue du Qatar et reçu à Alger le ministre turc des Affaires étrangères. Une réponse amère à la main tendue du roi Mohammed VI Dans sa fuite en avant, le Haut Conseil de Sécurité précise que «les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l'Algérie, ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l'intensification des contrôle sécuritaire aux frontières Ouest». Pour mémoire, au lendemain de l'appui du royaume à l'autodétermination de la Kabylie, des parties en Algérie ont réclamé une riposte en expulsant l'ambassadeur du Maroc à Alger et la rupture des relations diplomatiques avec le royaume. Finalement, le ministère algérien des Affaires étrangères s'est contenté de rappeler pour consultation son ambassadeur à Rabat. La décision de «revoir» ses relations avec le Maroc est, par ailleurs, une autre réponse du pouvoir algérien à la main tendue du roi Mohammed VI. Dans son discours du 31 juillet, le souverain a en effet invité le président Tebboune à une réunion pour tourner la page des différends. Un appel ignoré par le pouvoir à Alger. A l'exception de quelques messages de félicitations échangés entre les chefs d'Etats à l'occasion de fêtes nationales des deux pays, les relations entre Rabat et Alger sont restées glaciales. Les frontières terrestres sont d'ailleurs fermées depuis 1994. La coopération sécuritaire est inexistante, de l'aveu même des responsables marocains pour la lutte contre le terrorisme. Ce communiqué du Haut Conseil de sécurité est aussi une réponse aux efforts que mènent les Etats-Unis pour rapprocher les deux pays voisins. Quatre jours après le discours du roi Mohammed VI, Antony Blinken a en effet téléphoné à Ramtane Lamamra. Fin juillet, le secrétaire d'Etat par intérim pour le Proche Orient, Joey Hood, s'est déplacé à Alger et à Rabat. Le texte de ce mercredi 18 août, rend difficile l'action de Lamamra auprès de ses anciens collègues américains au think tank Crisis Group ayant rejoint l'administration Biden, notamment Robert Malley, nommé émissaire spécial pour l'Iran. Article modifié le 2021/08/19 à 06h44