Suite à la grève de la faim entamée par Maâti Monib, le Comité de soutien à l'historien a appelé à ce qu'une commission médicale indépendante veille sur son état de santé. Militant et historien détenu depuis décembre 2020, Maâti Monjib est à son sixième jour d'une nouvelle grève de la faim. En conférence de presse ce mercredi matin, le Comité de soutien au chercheur a alerté que sa vie «est en danger». «Nous ne pouvons qu'exiger la constitution d'une commission médicale indépendante pour rassurer sur son état de santé», vu «les informations mensongères que la Délégation générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion a relayées à son sujet à travers ses communiqués», a insisté Khadija Riadi au sein du comité. «Ceux qui ont suivi de près la grève de la faim menée par Monjib en 2015 savent déjà que son état de santé est critique aujourd'hui», a souligné dans ce sens Abdellatif El Hamamouchi, coordinateur du Comité de soutien à l'historien. Il tient «les autorités responsables de ce qui pourrait arriver», réitérant les appels à la remise en liberté de Maâti Monjib et à mener une enquête sur «l'ensemble des violations dont il a fait l'objet lui et sa famille». Pour les soutiens de l'historien, l'affaire remontant à 2015 et où il a été condamné en janvier dernier à un an de prison ferme pour «atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat» et «escroquerie» ne fait «que confirmer le constat de nombreux défenseurs des droits humains, à savoir un retour en arrière, dix ans après une réforme constitutionnelle qui n'a empêché ni les arrestations et les détentions arbitraires, ni les procès dépourvus de toutes garanties sur leur équité». Maroc : Maâti Monjib condamné «sans plaidoirie des avocats ni notification à la défense» Des appels à enquêter sur les violations de droits ayant visé Monjib Sur la base d'une note d'information précédemment élaborée par le Comité de soutien pour identifier l'ensemble des manquement à l'équité du procès, les membres ont estimé que «ce sont les autorités qui se mettent au-dessus des lois en maintenant Monjib en détention préventive». «Nous sommes face à des parties qui répondent sans même vérifier la teneur de ce qui est relayé par les avocats de la défense et par le comité de soutien», ont-ils déploré. A ce propos, une déclaration écrite du Comité et présentée lors de cette conférence de presse a déploré que «dans une démarche sans précédent, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a donné son avis sur le verdict en première instance, dans un communiqué où il répond aux organisations de droits humains ayant exprimé leur rejet du jugement, ce qui touche directement à l'indépendance de la justice et influe sur les prochaines démarches procédurales dans ce dossier». Affaire Monjib : Le CSPJ évoque «une affaire de droit commun» à ne pas «politiser» Actuellement en détention pour une enquête en cours sur des soupçons de blanchiment d'argent, Maâti Monjib serait visé, selon le comité, pour «sa défense des droits humains, surtout son soutien aux détenus politiques, à ceux du Hirak et aux journalistes en emprisonnés», pour «ses critiques concernant l'hégémonie du palais royal sur le pouvoir exécutif et le poids des sécuritaires sur les décisions politiques, en plus de leur contrôle sur des médias» ou encore pour «son travail de rapprochement entre laïcs et islamistes dans une approche démocratique». Plus d'un mois après l'annonce de l'appui de la défense de Maâti Monjib par une équipe internationale d'avocats, la situation de l'historien sera le sujet d'une nouvelle conférence de presse, annoncée par son Comité de soutien pour le 16 mars prochain, en présence d'Amnesty International, Human Rights Watch et la FIDH, entre autres organisations qui ont apporté leur soutien. Article modifié le 2021/03/10 à 16h15