Maati Monjib, condamné à un an de prison pour «fraude» et «atteinte à la sécurité de l'Etat», a tenu des propos sans fondement contre des institutions nationales, alors qu'il bénéficie de toutes les garanties d'un procès équitable, tandis qu'il opte pour la fuite en avant pour échapper à ses démêlés judiciaires. Le Franco-Marocain Maati Monjib, remis en liberté provisoire après trois mois de détention, et visé par une enquête pour «blanchiment de capitaux», a vu ses propos contre la situation des droits au Maroc condamnés par la presse nationale. Les autorités marocaines, soucieuses de l'indépendance de la justice et de la conformité des procédures, ont épinglé, dans un communiqué largement relayé, «les déclarations irresponsables et les allégations tendancieuses» de Monjib, qui visent «à induire en erreur l'opinion publique nationale et internationale et porter atteinte à l'image du Royaume en matière des droits de l'Homme». «Juste après sa libération provisoire sur une décision judiciaire, Maati Monjib a fait, dans une vidéo relayée sur certains sites électroniques et réseaux sociaux, des déclarations et des allégations tendancieuses dans lesquelles il a porté atteinte aux institutions de l'Etat, en évoquant, de mauvaise foi, des concepts et des terminologies étrangers et loin de la réalité et de la nature du travail des institutions nationales», avait relevé le communiqué. Le quotidien Al Ahdath al-Maghribia, dans son éditorial, affirme que le communiqué du ministère de l'Intérieur «a remis les points sur les i lorsqu'il a insisté sur le fait que les institutions de l'Etat vont poursuivre l'application correcte et ferme des dispositions juridiques à l'encontre de tous ceux qui croient bénéficier de l'immunité juridique du simple fait qu'ils détiennent la double nationalité», rappelant que «tous les Marocains sont égaux aux yeux de la loi et doivent s'y conformer sans aucune distinction». Pour sa part, Assabah, qui évoque les soutiens de Monjib qui se sont inquiétés des «effets, sur sa santé et sur sa vie, de sa grève de la faim» souligne que «Maati Monjib, qui est poursuivi pour blanchiment d'argent, a mis à mal les plaidoyers des associations internationales, qui s'inquiétaient des répercussions de sa grève de la faim sur son état de santé du fait qu'il souffre de plusieurs maladies chroniques, lorsqu'il a quitté la prison d'El-Arjat en courant, laissant derrière lui le fauteuil roulant, et en scandant des injures publiques dans une tentative de fuir un procès pour avoir profité d'argent issu de transferts de fonds suspect». De son côté, Al-Akhbar relève, dans son édito, «qu'au moment où l'institution judiciaire a pris en considération l'aspect humain en décidant de poursuivre Maati Monjib en état de liberté tout en lui interdisant de quitter le territoire national, ce dernier s'est montré très ingrat en se lançant dans une série de déclarations provocantes défiant l'Etat et contenant des accusations fallacieuses à l'endroit d'institutions sécuritaires, dans une tentative de donner l'impression qu'il est au-dessus des lois et qu'il jouit du soutien étranger de la part de personnalités, d'institutions et même d'Etats.» Le directeur de publication du journal Al Ahdath al-Maghribia, Mokhtar Lakhzioui, écrit, quant à lui, dans un article intitulé «Réponds simplement à la question!», qu'après avoir été placé en liberté provisoire, «Maati Monjib a choisi de se positionner sur le devant de la scène au lieu de profiter de cette situation pour prouver sa prétendue innocence devant l'opinion publique dans le dossier du blanchiment d'argent.» Le journaliste note : «Il a encore une fois eu recours au seul champ dans lequel il excelle en lançant des accusations à tort et à travers sans le moindre argument». Ceci étant, il faut rappeler à Maati Monjib que «le sujet principal» est qu'il y a avait de l'argent en provenance de l'étranger qui devait bénéficier à un centre de recherche à but non lucratif avant de changer de trajectoire pour gonfler les comptes personnels de certains et de leurs proches. Ces derniers n'auraient jamais imaginé vivre une telle «tragédie» en raison de leur analphabétisme et à cause de celui auquel ils ont fait confiance. L'auteur de l'article s'est ensuite adressé à Maati Monjib, en lui posant la question «d'où vient tout ça? Au cas où il peut apporter des réponses!». De son côté, Jamal Berraoui souligne sur l'antenne de «MFM» que Maati Monjib manque de preuves et d'arguments dans ses déclarations «ignobles», ajoutant que ses allégations montrent «comme si le Maroc n'a connu aucun changement». Il a, dans ce sens, tenu à clarifier que Maati Monjib n'est pas poursuivi pour ses prises de position et ses idées, mais à cause d'une affaire de blanchiment d'argent. Jamal Berraoui fait savoir que Maati Monjib a défendu et appelé à la libération de certains individus, ce qui a touché directement des femmes victimes de violences sexuelles. Dans ce sens, plusieurs sites électroniques ont relayé une publication de Naima Lahrouri, l'une des victimes de Taoufik Bouachrine, condamné à la prison ferme pour traite d'êtres humains et viol, dans laquelle elle s'interroge «sur les raisons qui poussent certains individus à abuser des victimes de Bouachrine à chaque fois qu'ils sont impliqués dans des actes criminels, au lieu de chercher à apporter des arguments.» Ainsi, elle a regretté le comportement de Maati Monjib qui ne cesse de «cracher son venin sur la réputation des femmes victimes», dont les «blessures ne seront jamais pansées», ce dernier, prenant, avec toute insolence et bassesse, leur souffrance comme prétexte à ses tentatives vaines, sachant qu'il a n'a trouvé le moindre mal à gonfler son compte bancaire avec de l'argent destiné au centre d'études et de communication. L'avocat Mohamed El Haini soutient, dans un article publié au site d'information Hespress, que Maati Monjib, dont la procédure judiciaire ne cesse de se resserrer autour de sa réputation financière, n'a trouvé d'autres moyens d'«inaugurer» sa liberté provisoire que de nuire aux femmes victimes de Taoufik Bouachrine. Il a ajouté que la défense de Bouachrine refuse que cet individu ou un autre porte atteinte aux femmes victimes pour satisfaire des fantasmes personnels et des illusions «ultra-logiques».