En 2010, son nom a été cité dans une enquête sur l'assassinat, survenu trois ans plus tôt, de l'un de ses transporteurs. Depuis, Reda Abakrim a disparu dans la nature, vivant sous de fausses identités. Mais sa cavale a pris fin lors de sa dernière tentative de retour au Maroc. Le narcotrafiquant Reda Abakrim, dit «Turbo», a été arrêté le 22 décembre 2020 à l'aéroport Mohammed V de Casablanca, en provenance de Dubaï. Connu pour être l'un des deux plus grands barons de cannabis opérant entre le Maroc et la France, cet homme de 38 ans, originaire des Yvelines, a été activement recherché par l'Office anti-stupéfiant de l'Hexagone (Ofast). Il est reconnu coupable d'assassinat et soupçonné d'enlèvements, entre autres. A son arrivé à Casablanca, la vérification de ses empreintes digitales a mis en alerte un policier aux frontières. Ce dernier a découvert que le Franco-marocain «possédait plusieurs faux passeports et qu'il était recherché pour meurtre par Interpol et la cour d'appel de Versailles», a révélé Le Parisien, ce vendredi 8 janvier. Le média rappelle que «Turbo» a été derrière l'exécution d'un membre de son réseau à Poissy, en 2007. Il s'agit de Brahim Hajaji, tué dans la cité de La Coudraie dans les Yvelines à l'âge de 26 ans, avec l'aide de deux complices. Selon les rumeurs, il aurait volé à son patron 500 à 600 kg de cannabis, l'équivalent de quatre millions d'euros environ. Jugé par contumace en France «Pour ce qui s'apparente à un règlement de comptes entre trafiquants», Abakrim a été condamné par contumace, en juin 2020, à 21 ans de réclusion criminelle. Lors du procès, son avocat Eric Dupond-Moretti, actuellement ministre de la Justice, a plaidé pour l'acquittement. Selon lui, la personne qui a donné des noms à la police en 2010 serait peu fiable. Elle aurait fourni des preuves jugées insuffisantes pour établir la responsabilité effective de «Turbo» dans l'assassinat. Depuis ce meurtre, Reda Abakrim a d'ailleurs été perdu de vue, mais il a continué à gérer ses activités entre le Maroc et la France sous de fausses identités. Il conduit des convois rapides de drogue en «go fast», réussissant à brouiller les pistes pour acheminer 250 à 500 kg de cannabis par cargaison, d'où son surnom «Turbo». Lors d'une opération policière en Belgique, le narcotrafiquant aurait précédemment réussi à échapper aux agents, qui ont arrêté un de ses complices. En cavale, il a fini par trouver refuge dans sa villa hautement gardée au Maroc, tout en continuant ses affaires. Plus tard, il s'installe à Dubaï, qui a constitué aussi le dernier refuge du trafiquant Ridouan Taghi avant son arrestation en décembre 2019. Tout en évitant d'être condamné pour des faits de trafic de drogue avérés, l'homme a un long casier judiciaire, qui commence dès ses 12 ans «pour un incendie, puis pour vol, violence, menace, extorsion…». En 2003, il est suspecté d'avoir commandité l'enlèvement d'un enfant de 9 ans. Le petit est «séquestré pendant plusieurs jours», avant sa libération par la police. Son père aurait «une dette liée aux stupéfiants d'un montant de 60 000 euros». Aujourd'hui, la question de l'extradition du Franco-marocain vers la France se pose. La famille Hajaji continue d'exiger sa comparution, D'autant plus qu'il est sous le coup d'un mandat d'arrêt. Mais officiellement, Reda Abakrim a été interpellé au Maroc pour l'usage d'un faux passeport et non pour les faits reprochés par la justice française.