Dix-huit ans de prison ont été requis vendredi 3 septembre contre Moufide Bouchibi, dépeint comme l'un des plus importants trafiquants de drogue français, pour une série de go fast en 2011 portant sur des tonnes de cannabis, lors d'un nouveau procès faisant suite à son interpellation à Dubaï en mars. Moufide Bouchibi, un Algérien possédant la nationalité française, âgé de 41 ans, avait été condamné en son absence en 2015 par ce même tribunal correctionnel de Bordeaux à 20 ans de prison, tenant compte de l'état de récidive. Vendredi, le vice-procureur Mathieu Fohlen a requis 18 ans d'emprisonnement, assortis d'une période de sûreté des deux tiers, et un maintien en détention. Le magistrat a souligné le «risque de fuite à l'étranger» du prévenu, et les «ressources dont il y dispose». Comme au premier procès, un million d'euros d'amende a également été requis. Prévu pour deux jours, le procès de «Mouf» s'est étiré sur un troisième vendredi, après des débats parfois houleux, nombre de suspensions d'audiences, et une guérilla de procédure, avec des demandes de nullité de la part de la défense. Une salle d'audience «ne doit pas devenir un ring de boxe», a déploré vendredi Mathieu Fohlen, regrettant chez les avocats de la défense des «outrances verbales et physiques aux seules fins d'empêcher la sérénité et la poursuite des débats». «Trois convois garantis par semaine» Puis, décortiquant le contenu d'interceptions téléphoniques, il s'est attaché à démontrer «la maîtrise», «l'ampleur» du trafic de Moufide Bouchibi, qui «était en capacité logistique d'envoyer en simultané des convois différents sur des itinéraires différents, avec des quantités astronomiques de résine de cannabis». A l'image d'un go fast intercepté en novembre 2011, avec 743 kg de résine de cannabis, mais qui n'empêchera pas Bouchibi de se féliciter depuis le Maroc, que simultanément «les autres ont fait le taf», c'est-à-dire qu'un autre go fast est passé avec plus d'une tonne de résine… «Trois affaires (convois) garanties par semaine», avait assuré à un interlocuteur Moufide Bouchibi, selon des conversations citées par l'accusation. Laquelle a toutefois écarté au final certains des go fast, pour n'en retenir qu'une demi-douzaine sur l'année 2011. Le Franco-Algérien, déjà condamné en 2004 à 8 ans de prison pour trafic de stupéfiants, conteste être derrière le trafic jugé à Bordeaux. Il met en cause les écoutes téléphoniques, au cœur de la procédure, estimant qu'«un seul enquêteur (l)'identifie». Sa défense dénonce depuis des mois l'illégalité du transfert de Dubaï vers la France, une «extradition déguisée».