Jeudi dernier 23 mars, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov a rencontré une délégation du Polisario partie en exploration sur les terres russes. Les médias sahraouis et algériens ont alors présenté cela comme une grande victoire, ce qui a déplu aux Marocains. L'ambassade russe à Rabat a alors réagi et remis les choses à leur endroit. Le Polisario et ses soutiens en Algérie se sont en effet évertués à présenter cette visite à Moscou, au parlement et auprès de plusieurs responsables russes (photo), comme une grande réussite. Et cela intervient à un mois de l'examen de la question du Sahara au Conseil de sécurité de l'ONU. Or, il se trouve que le Polisario est en situation difficile avec l'ONU, en raison de son refus d'obtempérer et de retirer ses troupes de la zone de Guergarate, ainsi que l'avait fait le Maroc sur injonction du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Et donc, le chef des séparatistes s'est déplacé à New York pour y rencontrer Guterres, sauf que cette visite s'est déroulée de la manière la plus confidentielle qui soit : pas de conférence de presse commune ni même de photos officielles. Concernant la visite du Polisario à Moscou, l'ambassade de Russie à Moscou a réagi, en publiant le communiqué ci-après : « A propos de la rencontre du représentant spécial du Président de la Fédération de Russie pour le Moyen-Orient et les pays d'Afrique, Vice-ministre des Affaires étrangères de la Russie, M. Bogdanov, avec la délégation du Front Polisario. Le 23 mars, le représentant spécial du Président de la Fédération de Russie pour le Moyen-Orient et les pays d'Afrique, Vice-ministre des Affaires étrangères de la Russie, M. Bogdanov, a reçu la délégation du Front Polisario, conduite par M. Khaddad, le chef du Comité des affaires extérieurs du Front, invitée à Moscou par l'Institut des études orientales de l'Académie des sciences de Russie. Au cours de cette rencontre, les deux parties ont échangé des points de vue sur le développement de la situation à propos du règlement du conflit au Sahara occidental y compris à la lumière des préparatifs pour l'examen, en avril prochain au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, de la question du renouvellement du mandat de la MINURSO. M. Khaddad a exprimé le point de vue du Front, qui est une des parties au conflit, à propos de la situation actuelle. La partie russe a confirmé l'immuabilité de la position de la Russie, fondée sur la nécessité de trouver une solution politique mutuellement acceptable à ce problème de longue date, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies. Avec ceci, Moscou a mis l'accent sur sa volonté de continuer le travail dans cette direction en concert avec toutes les parties intéressées, en particulier avec les partenaires du «Groupe des Amis du Sahara occidental ». En outre, la Russie a mis l'accent sur la nécessité d'intensifier les efforts de la communauté internationale en vue de parvenir à un règlement équitable à long terme pour le Sahara occidental, prenant en compte les intérêts fondamentaux des peuples de la région d'Afrique du Nord et contribuant à l'amélioration de la situation au Maghreb ». La position de Moscou est donc inchangée, depuis la visite rendue par le roi Mohammed VI à Moscou en début 2016, et la signature d'une Déclaration de partenariat stratégique entre Rabat et Moscou. Mais on se rappelle de la position des Russes lors du vote de la Résolution 2285 en avril 2016, quand Moscou, qui s'était abstenu, avait déclaré que le texte de la résolution présentait une « faiblesse majeure », au paragraphe 9 du préambule, où il est dit que « des efforts sérieux et crédibles » ont été « faits par le Maroc pour aller de l'avant vers un règlement ». Toute personne qui connaît la situation sait que cette formule n'est « pas d'actualité », avait tranché le représentant russe, en allusion à l'expulsion des 75 membres de la Minurso par Rabat, suite à la visite de l'ancien secrétaire général Ban Ki-moon à Bir Lahlou et son emploi du terme « occupation » du Sahara par le Maroc. Entretemps, les choses ont changé et les relations maroco-russes ont pris un nouvel élan, avec le échanges économiques et l'affaire eu gazoduc Nigéria-Maroc, qui intéresse les Russes au premier chef. Le fait donc de recevoir une délégation du Polisario à Moscou relève de la simple courtoisie diplomatique, surtout quand on connaît le poids d'Alger à Moscou et l'ancienneté des relations entre Alger et La Russie.