La campagne agricole de 2024 au Maroc se trouve confrontée à une série d'épreuves sans précédent. Les conditions climatiques arides, marquées par un temps sec et chaud durant les mois de janvier et février, ont entraîné une baisse de la production céréalière, particulièrement ressentie dans le sud du Royaume. Les estimations actuelles prévoient une production pour l'année de commercialisation 2024/25 à seulement 1,55 millions de tonnes métriques (MMT) pour le blé tendre, 0,75 MMT pour le blé dur, et 0,65 MMT pour l'orge. Encore, on assistera à une récolte insuffisante en 2024, qui devrait engendrer une hausse significative des besoins en importation, estimés à 7,5 MMT pour le blé et 1,5 MMT pour l'orge. Le Maroc, aux côtés de l'Egypte, de l'Algérie et du Nigeria, figure parmi les plus grands importateurs mondiaux de blé, une position qui pourrait être renforcée par cette crise agricole. La saison agricole a été marquée par des retards considérables dus à l'absence de précipitations, avec des régions qui n'avaient pas achevé l'ensemencement avant le début de janvier 2024. De nombreux agriculteurs avaient même vu leurs espoirs se dissiper face à des averses trop tardives et bien en deçà des moyennes saisonnières, insuffisantes pour assurer le développement de cultures robustes. Les experts de l'industrie signalent que la superficie ensemencée pour cette saison devrait atteindre son niveau le plus bas depuis deux décennies. La superficie totale récoltée pour le blé tendre, le blé dur et l'orge est projetée à chuter à 2,8 millions d'hectares, soit une réduction d'environ 24 % par rapport à l'année précédente. Les régions les plus affectées par la sécheresse incluent Souss-Massa, Chaouia-Ouardigha, Marrakech, Settat-Berrchid et Beni-Mellal. Dans certaines de ces zones, les semis ont été exceptionnellement tardifs, tandis que d'autres rapportent que des agriculteurs, ayant perdu tout espoir, ont laissé leur bétail paître sur des champs de blé abandonnés. En revanche, dans les régions du nord telles que Fès, Meknès et Gharb, les agriculteurs témoignent d'un développement des cultures légèrement meilleur que la moyenne, grâce aux précipitations reçues durant la période de plantation. Dans le cadre de la campagne 2024/25, le gouvernement encourage vivement l'adoption de la technique de culture sans labour, afin d'améliorer la conservation de l'eau durant les périodes de stress hydrique. Les zones de Rabat-Kénitra et de Khémissat se sont notamment fixé pour objectif d'appliquer cette méthode sur 200 000 hectares d'ici 2030, avec déjà 40 000 hectares convertis cette saison. Malheureusement, la production céréalière nationale est prévue de subir une chute drastique, exacerbée par des conditions sèches survenues juste après la plantation. Les précipitations, inférieures à la moyenne depuis fin janvier, ont considérablement ralenti la croissance et le développement des plantes. Les images d'indice végétatif indiquent que, pour l'année 2024/25, la majorité des zones dédiées à la production de blé et d'orge ont souffert de la sécheresse, à l'exception des régions du Nord. Les rendements pour le blé et l'orge sont anticipés bien en dessous des moyennes habituelles, avec une production estimée à 2,3 MMT pour le blé et 0,6 MMT pour l'orge, représentant une baisse respective de 45 et 52 % par rapport à l'année précédente. La crise survenue en février et mars s'est avérée trop tardive pour sauver les récoltes du sud. À l'échelle mondiale, la production de blé pour 2024/25 est prévue à 798,2 millions de tonnes, en hausse de 10,5 millions par rapport à l'année précédente. La Chine et l'Inde, principaux pays producteurs, ont chacun enregistré une augmentation de leur production de plus de 3,4 millions de tonnes, atteignant des niveaux records, en partie grâce aux programmes de soutien gouvernementaux. Au Pakistan, les prix élevés du blé ont incité une extension des superficies ensemencées, résultant en une récolte accrue de 1,8 million de tonnes. Pour soutenir les importations de blé tendre, le gouvernement maintient une prime forfaitaire fixe jusqu'au 30 avril 2024, dans le but de préserver des prix bas pour le pain et d'encourager la constitution de stocks. Avec le retour des prix internationaux du blé à des niveaux normaux en avril, la restitution a été suspendue.