Le projet de gazoduc Nigeria-Algérie, qui visait à acheminer le gaz naturel du Nigeria vers l'Europe en passant par le Niger et l'Algérie, est définitivement enterré. La sortie des trois pays du Sahel (Mali, Niger et Burkina Faso) de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a sonné le glas de ce projet, qui était déjà en difficulté depuis des années. L'idée d'un gazoduc reliant le Nigeria à l'Algérie a germé dans les années 1980, mais l'accord concrétisant la mise en œuvre du gazoduc trans-saharien n'a été signé que le 3 juillet 2009 par les gouvernements du Niger, du Nigeria et de l'Algérie. Le projet était censé être le plus long gazoduc du monde, avec une longueur de 4 128 km. Il devait transporter 30 milliards de mètres cubes de gaz par an du Nigeria vers l'Algérie, puis vers l'Espagne et le Portugal via le gazoduc Medgaz. Le coût du projet était estimé à 13 milliards de dollars, mais il a été revu à la hausse à plusieurs reprises, en raison des difficultés techniques, sécuritaires et politiques rencontrées sur le terrain. Le projet a également souffert du manque de soutien financier et politique des partenaires internationaux, qui ont privilégié d'autres sources d'approvisionnement en gaz, comme le gaz de schiste américain ou le gaz russe. Le projet a également été contesté par les populations locales, qui craignaient les impacts environnementaux et sociaux du gazoduc. Des mouvements de résistance se sont formés, notamment au Niger, où le gazoduc devait traverser la région du Ténéré, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Les habitants du Ténéré ont dénoncé le pillage de leurs ressources naturelles et la violation de leurs droits. L'Initiative Atlantique plus crédible Le projet de gazoduc Nigeria-Algérie a également été mis en mal par le projet d'Initiative Atlantique, qui propose une alternative de développement aux pays du Sahel. Le Maroc a lancé en 2023 son projet, qui consiste à relier les pays du Sahel aux infrastructures ferroviaires, portuaires et aériennes civiles du Maroc, et à établir un gazoduc et une interconnexion électrique entre la côte atlantique et le Sahel. Le projet marocain, qui bénéficie du soutien de nombreux pays et partenaires, offre une perspective d'avenir, fondée sur le respect mutuel, la solidarité et le développement durable. Il vise à répondre aux besoins réels des pays du Sahel, qui font face à des défis majeurs, tels que la pauvreté, la fragilité, le terrorisme et le séparatisme. Le retrait des trois pays du Sahel de la CEDEAO est interprété comme un signe de rapprochement avec le Maroc, qui leur propose une coopération économique et politique renforcée. Le Niger, qui était l'un des pays clés du projet Nigeria-Algérie, a désormais rompu ses liens avec le groupe dirigé par le Nigeria. Le Mali et le Burkina Faso ont également exprimé leur intérêt pour le projet marocain, qui leur offre plus de garanties de stabilité et de prospérité. Le projet Nigeria-Algérie apparaît donc comme un projet obsolète, qui ne répond pas aux aspirations des peuples africains. Le projet marocain, au contraire, s'inscrit dans une vision moderne et intégrée de l'Afrique, qui valorise ses potentialités et sa diversité.