Le coup d'Etat militaire qui a destitué le président du Niger a aggravé la situation politique déjà précaire d'une région menacée par le terrorisme et la faiblesse des Etats, enterrant les chances de l'Algérie de concrétiser son projet de gazoduc reliant le Nigeria à l'Europe, un projet qui languit depuis plus de dix ans en raison de la défiance envers le régime algérien et ses visées hégémoniques dans la région. Le coup d'Etat a renforcé l'insécurité dans une région où des groupes djihadistes – souvent dirigés par des extrémistes algériens – exploitent les frontières perméables. Un pays incapable de protéger son président des coups d'Etat ne peut pas garantir la sûreté d'un gazoduc stratégique, estiment les analystes. Le coup d'Etat confirme également le peu d'intérêt du Nigeria pour le projet algérien. Le Nigeria mise plutôt sur le gazoduc atlantique plus sûr qui suivra un tracé terrestre et maritime pour acheminer du gaz à 13 pays d'Afrique de l'Ouest jusqu'au Maroc et éventuellement à l'Europe. Alors que l'Algérie évoque le gazoduc transsaharien qui devait passer par le Niger comme un argument politique pour contrer le Maroc, Rabat et Abuja ont déjà entamé la phase d'études de faisabilité d'un projet soutenu par le roi du Maroc, le président du Nigeria et la CEDEAO. Le gazoduc Atlantique Nigéria-Maroc permettra aussi aux pays d'Afrique de l'Ouest de développer leurs exportations de gaz vers l'Europe, notamment la Mauritanie et le Sénégal où de grandes réserves gazières ont été découvertes.