Le Maroc fait face à un enjeu majeur de santé publique : l'obésité. D'après les projections de la Fédération mondiale de l'obésité, cette pathologie touchera près de 50 % de la population marocaine dans les quinze prochaines années, entraînant une augmentation du risque de nombreuses affections graves. L'Atlas mondial de l'obésité 2023, publié par la Fédération mondiale de l'obésité, prédit que l'impact économique mondial du surpoids et de l'obésité atteindra 4 320 milliards de dollars par an d'ici 2035 si les mesures de prévention et de traitement ne s'améliorent pas. Avec près de 3 % du PIB mondial, cela est comparable à l'impact du COVID-19 en 2020. L'obésité se caractérise par un excès de masse grasse qui affecte la santé et la qualité de vie des individus. Elle est associée à un risque accru de développer des maladies cardiovasculaires, du diabète, de l'hypertension, de certains cancers, de l'arthrose, de l'apnée du sommeil, de la dépression, etc. Selon les données de la Fédération mondiale de l'obésité, le taux d'obésité au Maroc augmentera de 2,7 % par an, entre 2020 et 2035, passant de 21,6 % à 47,9 %. Cela signifie que plus de 5 millions de Marocains seront atteints d'obésité morbide, c'est-à-dire d'un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 40 kg/m2. Les enfants sont particulièrement exposés à ce problème de santé publique, car l'obésité progresse plus vite chez eux que chez les adultes. Ainsi, d'ici 2035, plus de 30 % des enfants marocains seront en surpoids ou obèses, contre 19,3 % en 2020. Cette situation aura des conséquences néfastes sur leur croissance, leur développement, leur scolarité, leur estime de soi et leur avenir. L'obésité aura également un impact économique considérable. D'ici 2035, le coût de la prise en charge des maladies liées au surpoids et à l'obésité au Maroc s'élèvera à 933 millions de dollars, soit une augmentation de 98,5 % par rapport à 2020. Ce coût englobe les dépenses de santé directes (consultations, médicaments, hospitalisations, etc.) et indirectes (pertes de productivité, d'employabilité, de revenus, etc.). Il représente un fardeau important pour le système de santé marocain et pour l'économie nationale, comparable à l'effet de la pandémie de coronavirus sur le produit intérieur brut (PIB) mondial. Selon le professeur Louise Baur, présidente de la Fédération mondiale de l'obésité, « L'Atlas de cette année est un avertissement clair : en ne luttant pas contre l'obésité aujourd'hui, nous risquons de graves répercussions à l'avenir. Il est particulièrement inquiétant de constater que les taux d'obésité augmentent le plus rapidement chez les enfants et les adolescents. » Face à cette problématique, le ministère de la Santé a élaboré un plan opérationnel de prévention et de contrôle du surpoids et de l'obésité chez les enfants pour la période 2018-2025. Ce plan vise à réduire la prévalence de l'obésité infantile de 15 % d'ici 2025, en agissant sur trois axes stratégiques : – Améliorer l'offre de soins, en renforçant le dépistage, le diagnostic, le suivi et la prise en charge des enfants en surpoids ou obèses, en formant les professionnels de santé et en développant les réseaux de soins multidisciplinaires. – Promouvoir une alimentation saine et une activité physique régulière, en sensibilisant les enfants, les parents, les enseignants et les acteurs sociaux, en favorisant l'accès à une nourriture équilibrée et à des espaces sportifs, en réglementant la publicité et la vente des produits alimentaires et en encourageant les bonnes pratiques. – Lutter contre un environnement favorable à l'obésité, en mettant en place des politiques publiques intersectorielles, en impliquant les différents partenaires (secteur privé, société civile, médias, etc.) et en évaluant l'impact des actions menées. L'obésité est un problème complexe, multifactoriel et évolutif, qui nécessite une réponse globale, coordonnée et adaptée. Le Maroc a pris conscience de l'urgence d'agir pour préserver la santé de sa population, en particulier des enfants, qui sont l'avenir du pays. Sur le plan international Les pays à faible revenu sont confrontés à une augmentation rapide de la prévalence de l'obésité. Parmi les 10 pays où l'on s'attend à la plus forte augmentation de l'obésité au monde (chez les adultes et les enfants), 9 d'entre eux appartiennent à des pays à revenu faible ou intermédiaire. Tous viennent d'Asie ou d'Afrique. La Fédération mondiale de l'obésité appelle à des plans d'action nationaux complets pour aider les pays à mettre en œuvre les nouvelles recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la prévention et la gestion de l'obésité. Le rapport Atlas sera présenté lors d'un événement politique de haut niveau le 6 mars aux décideurs politiques de l'ONU, aux Etats membres et à la société civile.