Quelque 8 millions de Tunisiens sont invités à voter ce dimanche 29 janvier pour élire un nouveau Parlement aux pouvoirs limités par le président Kaïs Saïed. Ce vote se fera sur fond de désaffection pour la politique et de difficultés économiques croissantes. Deux-cent-soixante-deux candidats (pour 131 des 161 sièges) se présentent au deuxième tour des législatives, l'une des dernières étapes de l'instauration d'un système ultra-présidentialiste, objectif affiché de Kaïs Saïed depuis son coup de force de l'été 2021. Le 25 juillet 2021, jugeant le pays ingouvernable, le président limogeait son Premier ministre et gelait l'Assemblée parlementaire, dissoute au printemps 2022 avant une réforme de la Constitution l'été passé qui restreint grandement les prérogatives du Parlement. Peu de Tunisiens devraient voter au second tour d'un vote pour un parlement déchu de ses pouvoirs dans le cadre d'une prise de pouvoir par le président Kais Said dans un contexte où l'économie tunisienne est au bord de l'effondrement. Le second tour aura lieu le 29 janvier. Le premier tour a été une débâcle électorale avec seulement 11% des votants pour remplacer une législature dissoute en 2021 par Kais Saied. La répression de Saied contre les dissidents et son régime de plus en plus autoritaire ont été condamnés par les puissances occidentales, notamment les Etats-Unis et la France. Le vote a lieu alors que les Tunisiens luttent contre une inflation à deux chiffres, ajoutée à la montée en flèche du chômage et à une érosion des indicateurs macro-économiques. Crise économique L'inflation, qui a atteint 10 % en 2022, est exacerbée par les pénuries de produits de base entraînant de longues files d'attente pour le carburant, le sucre, le riz, l'huile de cuisson, le beurre, la semoule, l'eau en bouteille et même le café. Une augmentation de l'alimentation du bétail a entraîné une baisse de la production laitière estimée à 35%, selon l'association des agriculteurs tunisiens. Un prêt indispensable du FMI de 1,9 milliard de dollars est toujours au point mort au milieu de l'opposition de puissants syndicats à la conditionnalité de la réforme. « La Tunisie connaîtra une année très difficile si un accord final avec le FMI n'est pas rapidement conclu », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale. Les grands investisseurs étrangers font leurs valises du pays en raison du manque de visibilité sur ses perspectives économiques. Royal Dutch Shell, qui exploite deux champs gaziers représentant 40% de la production nationale tunisienne, a annoncé en novembre qu'il quitterait la Tunisie. Morgan Stanley a classé la Tunisie, avec l'Ukraine et le Salvador, dans le top trois de la liste des défaillants probables.