Quatre organisations en Tunisie, dont la centrale syndicale UGTT, ont lancé vendredi «une initiative pour sauver le pays» face à la détérioration des conditions économiques et aux divisions politiques depuis le coup de force du président Kais Saied. L'UGTT a constitué un nouveau «Quartette» avec la Ligue des droits de l'homme LTDH, l'Ordre des avocats ONAT, et l'ONG FTDES (Forum tunisien des droits économiques et sociaux), qui se veut aussi ambitieux que celui qui avait obtenu le Prix Nobel en 2015 pour son rôle moteur dans la transition démocratique. Crise politique Le chef de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a annoncé la création de commissions d'experts et une série de réunions pour «élaborer un plan cohérent, rationnel et indépendant sur comment sauver le pays». À propos de la crise politique qui secoue la Tunisie depuis que le président Saied s'est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, le président de la LTDH, Bassem Trifi, a prédit «une participation encore très faible» au deuxième tour dimanche d'élections législatives. Le premier tour le 17 décembre a été marqué par une abstention de près de 90%, un record depuis la Révolution de 2011 et l'avènement de la démocratie. À l'été 2021, Kais Saied a limogé son Premier ministre et gelé les activités du Parlement, avant de réformer la Constitution pour en limiter fortement les prérogatives et revenir à un système ultra-présidentialiste. Des mesures dénoncées comme «un coup d'Etat» par l'opposition. «Depuis 12 ans, il n'y a pas d'horizon, nous passons notre temps à nous accuser les uns les autres et le pays coule», a déploré Noureddine Taboubi, appelant à «repenser la manière de sauver le pays». «Cette initiative nationale, c'est pour discuter de solutions économiques, sociales et politiques». Outre les divisions politiques, le pays est plongé dans de graves difficultés économiques, accentuées par la guerre en Ukraine et une inflation qui a fait plonger le pouvoir d'achat des Tunisiens. La croissance est poussive et le taux de pauvreté progresse. «Plus de 32.000 Tunisiens ont émigré clandestinement sur 2022 jusqu'à présent», a noté le président de la FTDES Abderrahmane Hedhili. Très endetté, le pays peine à investir dans ses infrastructures et négocie depuis des mois un nouveau prêt avec le FMI d'environ 2 milliards de dollars, en échange de réformes difficiles comme la levée des subventions étatiques sur certains produits de base.