Un pays incapable de réguler la «crise de la patate» ne peut en aucun cas prétendre soutenir le peuple tunisien, tempête le journaliste Lotfi Ghors La Tunisie a annoncé mardi avoir obtenu un prêt de 300 millions de dollars de l'Algérie, à la veille d'une visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune à Tunis, laquelle a duré 48 heures. Le journaliste Lotfi Ghors a dénoncé «un accord honteux» à travers lequel «le régime militaire algérien cherche à soutenir le coup d'Etat du président tunisien.» Le journaliste s'interroge sur les dessous de cette générosité alors que les autorités algériennes sont incapables de mettre fin à l'action de spéculateurs dans le domaine agroalimentaire, où intermédiaires, agriculteurs et grossistes, accusés de stocker les denrées pour faire monter les prix, accentuent une crise sociale inédite. «Cet argent [300 millions d'euros] doit être consacré au peuple algérien qui souffre», a souligné M. Ghars. Selon l'édition de mardi du Journal officiel de la République tunisienne, le président Kais Saied a ratifié par décret un protocole financier, conclu le 9 décembre, relatif à l'octroi par l'Algérie à la Tunisie «d'un prêt d'un montant de 300 millions de dollars», soit 266,2 millions d'euros. Des fonds colossaux alors que l'inflation a atteint en Algérie 5,66 % en juin 2021, soit une augmentation de 3,4 points en un an, a indiqué récemment devant les députés Aïmene Benabderrahmane, ministre des finances et chef du gouvernement. Les prix à la consommation ont explosé en raison de l'augmentation des cours des matières premières à l'international, mais aussi de la dépréciation du dinar. La Tunisie est confrontée à une grave crise économique, avec une instabilité chronique qui repousse des investisseurs et des bailleurs de fonds. Le pays a connu une grave crise politique cet été quand le président Kaïs Saïed s'est arrogé les pleins pouvoir avec le limogeage du gouvernement et la suspension du Parlement dominé par le parti Ennahdha. Kaïs Saïed a annoncé lundi le prolongement de cette suspension jusqu'à la tenue de nouvelles élections en décembre 2022. La crise économique tunisienne, caractérisée par une croissance en berne depuis 10 ans (0,6 % par an en moyenne) et une forte inflation de 6% par an, a été aggravée par la pandémie qui a mis le pays à l'arrêt et l'a privé de cruciales recettes touristiques. Pour sortir de l'ornière, le gouvernement tunisien se tourne pour la quatrième fois en 10 ans vers le FMI, dont elle espère obtenir avant la fin de l'année un prêt de près de 4 milliards de dollars (3,3 milliards d'euros).