Déclaré comme nouveau président tunisien par les deux instituts de sondage, Kaïs Saïed a déjà évoqué dans son programme présidentiel le Sahara occidental et l'UMA. Celle-ci était le fer de lance de l'ex-président tunisien Moncef Marzouki avant qu'il ne se heurte au niet algérien. Les Tunisiens ont élu, dimanche, au second tour de l'élection présidentielle, l'universitaire et conservateur Kaïs Saïed. Devant son rival, l'homme d'affaires Nabil Karoui poursuivi pour blanchiment d'argent, le nouveau président tunisien a été élu avec plus de 70% des voix, selon les instituts de sondage Sigma et Emrhod. Dans une Tunisie qui peine à surmonter ses difficultés post-printemps arabes, l'arrivée de Kaïs Saïed au Palais présidentiel de Carthage ravive les espoirs des Tunisiens d'un avenir meilleur. Et sur le plan régional, l'élection présidentielle est surveillée de loin, par le pouvoir algérien et par les autorités marocaines. Car, dans son programme présidentiel, Kaïs Saïed a réussi, tout comme ses prédécesseurs, à aligner Alger, Rabat et le Sahara occidental dans une même phrase. En effet, c'est dans le 14ème point de son programme présidentiel que le nouveau président a promis une «initiative tunisienne visant à créer un comité du Maghreb pour traiter la question du Sahara occidental et résoudre le conflit maroco-algérien». Une ambition qui se heurte à la réalité sur le terrain, les deux protagonistes de l'affaire, l'Algérie et le Maroc, n'ayant pas eux-mêmes réussi à mettre de côté leurs différends concernant cette question pour s'intéresser à leurs problématiques communes, comme les frontières, le terrorisme, ou encore l'Union du Maghreb arabe. Des questions qui resteront en suspens pour plusieurs raisons De plus, le Maroc considère que l'Organisation des Nations unies (ONU) est la seule habitée à œuvrer pour parvenir à une solution politique de ce différend territorial, alors que la main invisible de l'Algérie milite encore pour impliquer d'autres parties, comme l'Union africaine. Mais si Kaïs Saïed se distingue par le fait d'avoir évoqué clairement la question du Sahara occidental, par rapport à son rival, ce dernier a lui aussi parlé aux Tunisiens de l'UMA. Nabil Karoui a ainsi promis de «restaurer l'esprit du Maghreb». Une promesse récurrente chez les présidents tunisiens post-printemps arabes. Au cours des premiers mois de 2012, l'ancien président Moncef Marzouki avait tenté, sans succès, d'organiser un Sommet de l'UMA en Tunisie. A l'époque, Marzouki avait obtenu l'aval du Maroc, l'accord de la Libye et la bénédiction de la Mauritanie, sans pour autant convaincre l'Algérie. Son président de l'époque, Abdelaziz Bouteflika, a donné son «accord de principe» avant de se rétracter. Pour le moment, l'UMA et l'initiative tunisienne pour le Sahara occidental attendront. Car, au-delà du fait que le nouveau président tunisien a déjà du pain sur la planche concernant la situation interne, même sa première visite à l'étranger – réservée traditionnellement à l'Algérie – pourra probablement prendre du retard, la présidentielle algérienne n'étant prévue qu'en décembre 2019, alors que le Hirak que connaît le pays d'un million et demi de martyrs ne faiblit toujours pas.