«À bas le coup d'Etat»: plusieurs centaines de manifestants opposés au président tunisien Kaïs Saïed se sont rassemblés vendredi à Tunis à l'occasion de la nouvelle date anniversaire du début de la Révolution de 2011. Plus de 500 personnes manifestant contre le président Kaïs Saïed, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs, se sont retrouvées bloquées par la police, entre le terminus du train TGM reliant la capitale à sa banlieue nord et la grande horloge qui marque l'entrée du centre-ville. Ils brandissaient des drapeaux tunisiens et lançaient des slogans antialgériens, au lendemain d'une visite du président Abdelmadjid Tebboune, qui a décidé juste avant sa venue l'octroi d'un prêt de 300 millions de dollars (près de 265 millions d'euros) à la Tunisie. Ils ont improvisé une ronde sous un pont d'autoroute, avant de se masser derrière des barrières et cordons de policiers barrant leur accès à l'avenue Bourguiba. « Le peuple veut ce que tu ne veux pas », il veut « la chute du système », « À bas le coup d'Etat » o encore « Libertés, libertés, le temps de l'Etat policier est révolu », scandaient-ils, furieux de ne pas pouvoir accéder à l'artère centrale. Le président Kaïs Saïed a décrété en début de mois que le 17 décembre — qui commémore l'immolation d'un vendeur ambulant il y a 11 ans à Sidi Bouzid (centre-est) — était un jour férié et le nouvel anniversaire du début de la Révolution de 2011, dont il estime qu'elle a été détournée de ses objectifs. La mort du jeune Mohammed Bouazizi donna le coup d'envoi de grandes manifestations populaires qui aboutirent le 14 janvier 2011 à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali et au démarrage du Printemps arabe. Depuis le 25 juillet dernier, M. Saied s'est arrogé les pleins pouvoirs, en limogeant son Premier ministre, gelant le Parlement et en prenant le contrôle de l'appareil judiciaire. Lundi, il a annoncé qu'il prolongeait d'un an le gel du Parlement, dominé par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire, jusqu'à l'organisation de législatives le 17 décembre 2022. Au préalable, il entend réformer la Constitution de 2014 qu'il juge trop déséquilibrée en faveur du Parlement.