Les trente jours du régime d'exception en Tunisie décrétés par Kaïs Saïed s'achèvent au premières heures du 24 août. Selon de nombreux observateurs, le président de la République tendrait vers la prolongation des mesures qu'il a annoncées le 25 juillet dernier, dans le cadre de l'activation de l'article 80 de la constitution, notamment, le maintien du gel de l'ARP et la levée de l'immunité des députés gelés. Aussi, les Tunisiens restent suspendus aux décisions du président Kaïs Saïed qui concentre tous les pouvoirs. Beaucoup espèrent le voir remettre sur les rails une révolution confisquée, selon eux, par les partis au pouvoir depuis 2011. Depuis le 25 juillet dernier, des députés ont été arrêtés, des responsables assignés à résidence, des partis visés par la justice… et le président Kaïs Saïed s'est octroyé tous les pouvoirs. En effet celui qui a été élu 2019 sur un programme anticorruption, afin d'« assainir le paysage politique » et la justice, s'est taillé un costume de justicier justement, au grand bonheur des Tunisiens. En moins d'un mois, il a limogé le premier ministre Hichem Mechichi, suspendu le Parlement pour 30 jours et levé l'immunité des députés. Trois d'entre eux ont été arrêtés, tandis qu'une dizaine d'élus, d'anciens ministres ou de conseillers gouvernementaux ont été assignés à résidence et autant d'ex-responsables et magistrats. Au moins quatorze députés sont poursuivis par la justice selon l'ONG de lutte contre la corruption IWatch. Parmi les personnes visées, de gros bonnets, à l'instar du puissant ex-procureur de la République Béchir Akremi, suspendu de ses fonctions et mis en résidence surveillée mi-août, accusé d'avoir dissimulé des preuves, notamment dans l'enquête sur le meurtre de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, les deux leaders de la gauche assassinés en 2013. Ces mesures ont été dénoncées par le parti islamique Ennahdha, au plus grand nombre d'élus au Parlement mais incapable de gouverner faute de majorité et d'alliance, lui-même, du reste sous le coup d'une enquête lancée mi-juillet sur de possibles financements étrangers... cherchez d'autres regards. En Tunisie les affaires se succèdent à grand train et comble d'instabilité, les Tunisiens ne savent pas encore ce que leur président, jusqu'ici mutique sur ses intentions, compte faire. Une nouvelle Constitution ? Des élections anticipées ? On ne peut rien et tout prévoir tant la vaste opération mains propres que mène, le président met de la baume dans le cœur des Tunisiens qui dans l'affaire n'ont qu'un seul désir se ré-accaparer une révolution volée par des politiques véreux et un Parlement surnommé "Le Zoo".