Des dizaines de rassemblements sont prévus samedi en France, pour le deuxième week-end consécutif, pour dénoncer une loi en préparation réprimant la diffusion malveillante d'images des éléments des forces de l'ordre. La loi sur la « sécurité globale » est décriée comme « liberticide » par les associations de défense des droits et des libertés publiques et les médias, notamment son article 24 qui porte atteinte selon eux à la liberté d'expression et à l'Etat de droit. Le gouvernement, lui, affirme que cette disposition de loi vise à protéger les policiers victimes d'appels à la haine et au meurtre sur les réseaux sociaux, avec des détails de leur vie privée révélés. L'article 24 de cette loi pénalise la diffusion malveillante de l'image des forces de l'ordre. Il prévoit un an de prison et 45.000 euros d'amende pour toute personne qui diffuse « l'image du visage ou tout autre élément d'identification » des forces de l'ordre en intervention quand elle porte « atteinte » à leur « intégrité physique ou psychique ». Cet article, mais aussi la possible utilisation de drones et la crainte de la reconnaissance faciale par les caméras de surveillance, ont suscité une intense émotion dans les médias. Face au tollé qu'elle a suscité, l'exécutif a décidé de retoquer la proposition de loi en spécifiant que la mesure ne peut porter « préjudice au droit d'informer », sans que cela n'apaise pour autant les craintes des associations de défense des droits et des libertés publiques et des médias. « Cette proposition de loi vise à porter atteinte à la liberté de la presse, à la liberté d'informer et d'être informé, à la liberté d'expression, en somme aux libertés publiques fondamentales de notre République », estime le collectif #StopLoiSécuritéGlobale, qui a appelé à ces mobilisations. Cette coordination est composée de syndicats et de sociétés de journalistes, d'ONG, et d'associations telles qu'Amnesty ou la Ligue des droits de l'Homme. Ainsi, plusieurs rassemblements contre le projet de loi polémique qui a été adopté en première lecture par les députés, sont prévus à Lille, Lyon, Strasbourg et Paris, à l'image de samedi dernier. Cette mobilisation s'inscrit dans un contexte tendu marqué par l'affaire d'un producteur de musique noir filmé par une vidéosurveillance en train de se faire tabassé par des policiers en uniforme, et l'évacuation violente d'un camp de migrants lundi place de la République où un commissaire de police a été filmé alors qu'il faisait un croche-pied à un migrant. Les deux affaires ont suscité un grand émoi en France, ravivant le débat sur les « violences policières », alors que la proposition de loi sur la « sécurité globale » suscite un grand débat y compris au sein du parlement et de la majorité gouvernementale. Réagissant aux récentes violences policières, le Président français Emmanuel les a dénoncées comme « une agression inacceptable », affirmant que « la France ne doit jamais laisser prospérer la haine ou le racisme » et réclamant « une police exemplaire avec les Français » mais aussi « des Français exemplaires avec les forces de l'ordre ». Dans une déclaration diffusée vendredi soir sur les réseaux sociaux, le chef de l'Etat français a également demandé au gouvernement de « lui faire rapidement des propositions » pour « lutter plus efficacement contre toutes les discriminations ». Il a également affirmé que « ceux qui font appliquer la loi doivent respecter la loi. Je n'accepterai jamais que la violence gratuite de quelques-uns entache le professionnalisme de femmes et d'hommes qui, au quotidien, assurent notre protection avec courage « . De la même façon que « je n'accepterai jamais les violences perpétrées envers nos policiers et nos gendarmes, tous ceux qui portent l'uniforme », a-t-il dit. Le président français a également fait part de son intention de défendre « la liberté d'expression, la liberté de la presse » et « la liberté de manifester ». « Je crois en nos libertés, dont je suis le garant. Liberté d'expression et liberté de la presse. Je n'ai jamais cessé de défendre ces principes et tous ceux qui l'incarnent. Y compris face à ceux qui, depuis l'étranger, ont pour projet de les faire reculer. Je n'accepterai jamais que ces libertés puissent être reniées », a affirmé M. Macron. « Liberté de manifester. Quelles que soient les circonstances, chaque citoyen doit pouvoir exprimer ses convictions et revendications à l'abri de toute violence et de toute pression », a encore assuré le Chef de l'Etat français, affirmant que « la France est un pays d'ordre et de liberté, pas de violence gratuite et d'arbitraire ».