Une vidéo montrant un producteur de musique en train de se faire violemment tabassé par plusieurs policiers à l'intérieur de son studio d'enregistrement à Paris a suscité un grand émoi en France, ravivant le débat sur les « violences policières », à un moment où une proposition de loi sur la « sécurité globale » visant à réprimer la diffusion malveillante d'images des forces de l'ordre, est en cours d'examen au parlement. La séquence, filmée par les caméras de surveillance ainsi que par plusieurs voisins, a été révélée jeudi par un média en ligne, avant d'envahir la toile soulevant l'indignation de la classe politique de tout bord, alors que les forces de l'ordre sont pointées du doigt depuis plusieurs mois pour des violences qualifiées de « systématiques » par les défenseurs des droits de l'Homme. Si certains milieux politiques dénoncent « un phénomène de violences policières » après plusieurs incidents impliquant notamment des fonctionnaires de police, le gouvernement, lui, refuse de parler de phénomène mais plutôt de cas isolés. Face aux images du passage à tabac du producteur de musique, le président français Emmanuel Macron s'est dit « très choqué", tandis que son ministre de l'intérieur Gérald Darmanin, qui a demandé la suspension des policiers mis en cause dans cette affaire, a fait part de sa consternation face à des images « inqualifiables et insupportables ». Le locataire de la place Beauvau a promis que les quatre policiers présumés impliqués dans cette affaire, actuellement en garde à vue après l'ouverture par le parquet de Paris d'une enquête pour «violences» et «faux en écriture publique», seront révoqués si la justice conclut à une faute, "car ils ne seraient plus dignes de porter l'uniforme de la République". La séquence vidéo a également ravivé un débat déjà tendu, depuis plusieurs jours, au sujet d'une proposition de loi sur la « sécurité globale » soumise par le gouvernement au parlement, et qui entend réprimer la diffusion malveillante d'images des éléments des forces de l'ordre. L'adoption de cette loi, vendredi dernier en première lecture, par l'Assemblée nationale, dominée par la majorité gouvernementale, a suscité l'indignation des médias et des associations de défense des libertés, qui dès le lendemain, ont riposté par l'organisation de manifestations dans plusieurs villes de l'hexagone. Ces rassemblements ont réuni des milliers de personnes dans une vingtaine de villes, notamment à Paris, Nice, Lille, Rennes et Montpellier qui ont dénoncé notamment une loi qualifiée « d'atteinte à la liberté d'expression » et à « l'Etat de droit ». Mais dans le sillage de la diffusion de cette vidéo, et l'émoi qu'elle a soulevé, le premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi qu'il allait mettre en place « une commission indépendante chargée de proposer une nouvelle écriture de l'article 24" de la proposition de loi sur la « Sécurité globale », qui punit la diffusion malveillante d'images de policiers. La commission, créée sur proposition du ministre de l'Intérieur, sera conduite par le président de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), Jean-Marc Burguburu. Elle doit rendre ses travaux fin décembre, selon les médias. L'objectif est de nourrir utilement l'examen de la proposition de loi sur la sécurité globale en janvier au Sénat dans le respect des prérogatives de la représentation nationale, affirme Matignon. Dans l'attente des résultats des travaux de cette commission et le vote au Sénat de la loi sur la « Sécurité globale », l'affaire du producteur suit son cours avec l'audition, cet après-midi, par l'Inspection générale de la Police nationale (police des polices), des quatre policiers présumés impliqués.