Des centaines de milliers de personnes ont manifesté, jeudi partout en France, contre le projet de réforme des retraites porté par le gouvernement à l'occasion de la quatrième journée de mobilisation nationale. Selon le ministère de l'Intérieur, ils étaient 452.000 manifestants à défiler sur l'ensemble du territoire français, dont 76.000 à Paris, alors que la Confédération générale du travail (CGT) avançait le chiffre de 1,7 million de personnes, dont 350.000 dans la capitale. En comparaison, 615.000 manifestants avaient été recensés par le ministère de l'Intérieur en France le 17 décembre dernier, lors de la précédente journée de mobilisation contre la réforme. 56.000 personnes avaient été comptabilisées à Paris. Dans la capitale, les manifestations se sont déroulées dans un climat tendu marqué par des heurts en fin d'après-midi entre manifestants et forces de l'ordre qui ont dû faire recours à des tirs de gaz. La préfecture de police, qui avait mobilisé 5.500 policiers et gendarmes pour assurer le bon déroulement de la manifestation et parer à tout débordement, a fait état de 16 blessés parmi les forces de l'ordre et 20 au sein des manifestants, ainsi que de 27 interpellations. Cette 4ème journée de mobilisation contre le projet gouvernemental, qui porte entre autres sur la mise en place d'un système universel par points indexé sur le salaire, la suppression des régimes spéciaux et un âge pivot ou d'équilibre à 64 ans, est intervenue à l'appel de l'intersyndicale réunissant CGT, FO, CFE-CGC, FSU et Solidaires. Le mouvement de protestation qui se poursuit depuis le 5 décembre avec notamment une grève dans les transports publics vise à faire pression sur le gouvernement pour le contraindre à retirer son projet controversé, déjà envoyé au Conseil d'Etat pour être présenté le 22 janvier en Conseil des ministres et une première lecture à l'assemblée nationale avant les municipales de mars. Les mobilisations rythment depuis 36 jours le quotidien des franciliens avec principalement des fortes perturbations dans la circulation des trains en France et les transports publics en région parisienne, entraînant d'innombrables difficultés pour les usagers. Le mouvement social, qui n'a pas marqué de trêve à l'occasion des fêtes de Noël et des vacances de fin d'année, se poursuit en dépit de la reprise mardi des discussions entre le gouvernement et les partenaires sociaux en vue de parvenir à un « compromis rapide » susceptible de mettre fin à la crise. La grève a ainsi battu le record de 28 jours consécutifs des contestations de 1986-87, alors qu'au sein de la Société nationale des chemins de fer (SNCF), le conflit est devenu le plus long de l'histoire de la compagnie ferroviaire.