Feu Mohamed Abed Al-Jabri était un penseur "courageux et tolérant qui a légué une œuvre d'une richesse exceptionnelle", a souligné le sociologue et philosophe français, Sami Naïr, dans une tribune publiée samedi par le journal espagnol "El Pais". "Espérons que les nouvelles générations d'intellectuels arabes, ainsi que tous ceux qui soutiennent son combat en Europe et dans le monde, puissent s'approprier cette Âœuvre pour transformer les fortes idées qu'elle contient en semences fécondes pour le dialogue interculturel", a-t-il ajouté. Dans son article intitulé "Un grand penseur marocain", Naïr estime que le décès de Abed Al-Jabri constitue "vraiment une grande perte", mettant en exergue "ce que le travail de réflexion de Abed Al-Jabri a signifié pour la modernisation du monde arabo-islamique". "Abed Al-Jabri était l'homme du monde arabe du dernier tiers du 20ème siècle durant lequel la majorité des intellectuels engagés lutaient pour une société arabe moderne et tolérante", a poursuivi l'intellectuel français d'origine algérienne. Naïr a, en outre, qualifié de "brillant témoignage" l'Âœuvre de feu Abed Al-Jabri, rappelant la réflexion profonde engagée ces dernières années par une catégorie d'intellectuels arabes qui ont défendu la relation "créatrice" entre la philosophie occidentale contemporaine et l'émergence d'une vision "moderne et séculaire" du monde arabe. Feu Abed Al-Jabri faisait partie de ces penseurs arabes qui ont dévoilé les relations fécondes existant, depuis le moyen-âge, entre les courants philosophiques occidentaux et islamiques pour déboucher sur la création de valeurs communes, a-t-il ajouté, soulignant que cette démarche permet de faire du passé glorieux de la civilisation islamique "une arme contemporaine contre les préjudices dominants".