Le grand penseur Marocain, Mohamed Abed Al-Jabri est un exemple pour tous les citoyens du monde qui considèrent que le savoir et la culture peuvent améliorer l'entente entre les hommes, et sa trajectoire personnelle et intellectuelle nous donne espoir dans le futur, affirme le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. Dans une tribune à la mémoire du grand penseur Marocain décédé le 3 mai, publiée mercredi par le journal "El Pais", Moratinos estime que feu Abed Al-Jabri a été "un exemple non seulement pour les Marocains, mais également pour l'ensemble des Musulmans, pour les Espagnols et pour les Européens, bref pour tous les citoyens du monde qui considèrent que le savoir et la culture peuvent améliorer l'entente entre les hommes". "Vue par un Espagnol, son impressionnante trajectoire personnelle et intellectuelle nous donne espoir dans le futur", affirme-il. Tout en relevant "la conviction et l'évidence qui sont à la base de l'entreprise" de feu Abed Al-Jabri, M. Moratinos souligne que sa relation avec le grand penseur et philosophe Marocain est associée en grande partie à la grande figure et l'importance d'Averroès. "Dans un texte intitulé +Islam et Occident : choc des civilisations? Avenir des relations+, Al-Jabri se réfère à un projet très cher à mon cÂœur et dont le lancement revient au comité Averroès", relève le ministre espagnol des AE. "L'idée de ce projet était de créer un grand groupe d'experts hispano-marocains pour rapprocher les deux sociétés, améliorer la connaissance mutuelle, dissiper les malentendus et préserver les deux sociétés des crises cycliques", souligne M. Moratinos. "En se référant à ce projet qu'il a qualifié d'+heureuse idée+, feu Abed Al-Jabri avait alors indiqué "nous nous proposons d'établir quelques règles du dialogue entre les cultures", en affirmant que "trois règles régissent le dialogue entre les cultures: comprendre l'autre dans son propre système de référence, reconnaître le droit à la différence et enfin la compréhension dans son sens large de tolérance et d'indulgence". "Ces trois principes ont, de l'avis de feu Abed Al-Jabri, une +valeur universelle et peuvent s'appliquer à tous les contextes culturels qui sont la proie d'une relation caractérisée par l'adversité et l'hostilité comme c'est le cas entre l'Europe et le Monde arabe", écrit M. Moratinos. Dans cette tribune, le chef de la diplomatie espagnole n'a pas manqué de relever "l'importance du projet intellectuel d'Al-Jabri et de ses apports à la thématique tradition-modernité et authenticité-altérité, tout ceci dans le contexte des indépendances maghrébines et du projet politique et culturel de la décolonisation dans son sens le plus profond". "L'œuvre et la biographie de ce grand penseur est d'une grande portée non seulement pour tous ceux qui s'intéressent à la culture arabe et au monde arabe, mais également pour tout citoyen qui veut se forger une opinion sur l'un des thèmes centraux de l'agenda politique et culturel de notre temps: je me réfère à la question de la relation entre l'Islam et l'Occident", affirme en substance M. Moratinos. Pour le responsable espagnol, l'importance de feu Mohamed Abed Al-Jabri, ne réside pas seulement dans son apport aux questionnements sur la connaissance et la raison dans l'Islam, sur l'évolution historique de l'Islam et l'attitude de ses intellectuels, mais également dans la rigueur de sa pensée et son impact dans le monde culturel contemporain. "A sa stature intellectuelle, s'ajoute la grandeur de sa pensée, sa rigueur morale et le respect de ses convictions. Lorsqu'il pensait qu'il devait dire non, il le faisait en parfaite harmonie avec sa propre conception de la vie", souligne encore M. Moratinos.