L'éminent penseur marocain Mohamed Abed Al-Jabri est décédé lundi à Casablanca à l'âge de 75 ans. SM le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances aux membres de sa famille. «Nous avons appris avec une profonde peine et une sincère compassion, la nouvelle du décès du professeur émérite Mohamed Abed El Jabri, que Dieu l'ait en Sa Sainte miséricorde et l'agrée parmi Ses fidèles serviteurs, admis à Sa grâce, Son pardon et Sa félicité au Paradis, et inspire à ses proches, patience, réconfort et compassion, suite à cette dure épreuve», souligne le message royal. En cette douloureuse circonstance, SM le Roi exprime aux membres de la famille du disparu, à son honorable épouse et à ses fils dévoués, ainsi qu'a sa famille politique au sein de l'Union socialiste des forces populaires, ses admirateurs et ses amis des milieux de la culture, de la pensée et de la création, les vives condoléances et la sincère compassion, suite à la disparition d'un des grands penseurs marocains, qui a donné l'exemple de l'intellectuel qui s'est accompli lui-même avec mérite, sérieux et rectitude, faisant preuve, à travers toute sa contribution et durant sa vie, des vertus propres aux penseurs illustres, par la persévérance et l'abnégation, et des qualités des militants convaincus, dans l'engagement politique sincère en faveur de l'unité et du progrès de son pays, servant ses causes justes avec dévouement et loyalisme». SM le Roi a souligné que le cher disparu demeurera immortel dans le registre de la pensée marocaine et arabe, grâce aux oeuvres intellectuelles de valeur qu'il a léguées et son apport pionnier à la culture marocaine et à la pensée du monde arabo-islamique, dont la renommée a rayonné dans toutes ses contrées en ce que ses travaux se basent sur des concepts et approches modernes, en matière d'analyse et de lecture de son patrimoine cognitif et civilisationnel rayonnant, mettant en exergue le rôle saillant du penseur au sein de l'université marocaine en tant que l'un des professeurs d'avant-garde, chercheur attitré et théoricien hors pair durant plus d'un demi-siècle. SM le Roi a enfin élevé les prières au Tout-Puissant de rétribuer amplement le défunt pour ses travaux dans les domaines scientifique, intellectuel et éducatif qui ont eu un impact profond sur les générations successives jusqu'à son rappel à Dieu, agrée par Lui». Natif de Figuig, le défunt est universellement reconnu comme l'un des grands philosophes et spécialistes contemporains de la pensée dans le monde arabe et islamique. En 1958, Al-Jabri a poursuivi ses étudies de philosophie à l'Université de Damas avant de regagner celle de Rabat. Le défunt fut un militant actif depuis le début des années 50 et l'un des dirigeants de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), au sein de laquelle il a été membre du bureau exécutif, avant de délaisser l'action politique pour se consacrer entièrement à la pensée et aux recherches académiques. Feu Al-Jabri a débuté sa carrière académique en tant que professeur de philosophie à l'Université de Rabat où il enseigna l'épistémologie et la philosophie. Il est l'auteur de la Critique de la raison arabe (Naqd al-aql al-arabi- 1984) en quatre volumes et de l'ouvrage «Critique de la raison islamique». Parmi ses oeuvres d'importance, figurent également «Tribalisme et Etat: repères pour une théorie khaldounienne de l'histoire musulmane» (1970), «Lumières sur la problématique de l'enseignement au Maroc» (1973), «Introduction à la philosophie des sciences» (1976), «Pour une vision progressiste de nos problèmes intellectuels et éducatifs» (1977), «Nous et la tradition», «Lecture contemporaine de notre patrimoine philosophique» (1980), «Le discours arabe contemporain: étude analytique et critique» (1982), «La formation de la raison arabe» (1984), La «structure de la raison arabe» (1986), «Les politiques de l'enseignement dans le Maghreb arabe» (1988), «Problématiques de la pensée arabe contemporaine» (1988), «Le Maroc contemporain: particularité et identité... modernité et développement» (1988), «La raison politique arabe» (1990), «Le dialogue de l'Orient et de l'Occident» (1990) et «Tradition et modernité: études et débats» (1991). M. Al-Jabri a publié également «Introduction à la critique de la raison arabe» (1994), «La question culturelle» (1994), «Les intellectuels dans la civilisation arabo-musulmane: l'infortune d'Ibn Hanbal et le drame d'Averroès» (1995), «La question de l'identité: l'arabité, l'islam et... l'occident» (1995), «Religion, Etat et l'application de la Loi religieuse» (1996) et Le «Projet du Renouveau arabe» (1996)· Le défunt avait obtenu le prix de Bagdad pour la culture arabe- Unesco (1988), le Prix maghrébin de la culture (Tunis-1992), le Prix des études intellectuelles dans le monde arabe (société MBI-Unesco-2005), le Prix des commandeurs (Fondation de la pensée arabe-Beyrouth-2005) et la Médaille Avicenne (Unesco-Rabat-2006).