A quelques semaines seulement des élections législatives britanniques, prévues au mois de mai, la bataille s'intensifie sur le front économique entre les deux principaux protagonistes, le parti travailliste (au pouvoir) et le parti conservateur (opposition). Par Abdelghani Aouifia Un plan du gouvernement du Premier ministre, Gordon Brown, d'augmenter les cotisations sociales payées par les employés et les employeurs a suscité la grogne de la communauté d'affaires du pays, ravivant ainsi les débats autour des maux économiques du pays à la veille du scrutin. Les Tories, qui aspirent à reconquérir le pouvoir après 13 ans dans l'opposition, ont saisi l'occasion pour lancer une attaque virulente contre leurs rivaux travaillistes. L'ambition de garantir la reprise économique du pays, affichée par les travaillistes pour se maintenir au pouvoir, "a échoué" suite à la révolte de la communauté d'affaires, a estimé George Osborne, porte-parole du parti conservateur pour les questions économiques. "Les arguments de Brown sont tombés à l'eau à quelques jours des élections", a lancé Osborne dans un entretien publié samedi par le quotidien The Guardian. Brown devra annoncer la semaine prochaine la date des élections législatives, qui devront avoir lieu le 6 mai prochain, selon la presse. Le responsable conservateur a dévoilé, pour la première fois, un plan de son parti de ne pas dépasser durant l'exercice en cours les 6,5 milliards de livres Sterling comme seuil pour la réduction des dépenses publiques en vue de contenir un déficit budgétaire devant s'installer à 187 milliards de livres cette année. Un gouvernement conservateur devra mettre en oeuvre une politique d'épargne efficace au niveau des départements ministériels pour dégager un montant supplémentaire de 6 milliards de livres, a-t-il promis. Selon le Guardian, les responsables du parti conservateur estiment que la décision d'augmenter les cotisations sociales a été prise par Gordon Brown, en dépit de l'opposition de son ministre de l'Economie et des Finances, Alistair Darling, et son ministre chargé des Entreprises et numéro deux du gouvernement, Peter Mandelson. Ce dernier est monté au créneau pour apaiser la tension entre son parti et les entreprises, soulignant que les travaillistes "n'étaient pas en guerre" contre elles. Mandelson a également remis en question le plan des conservateurs de réduire les taxes tout en gérant l'exorbitant déficit budgétaire. "Personne n'apprécie l'augmentation des taxes, en particulier les entreprises", confié Mandelson au quotidien The Times, soulignant que "gouverner implique des choix difficiles". "Les conservateurs sont simplement en train de démontrer qu'ils ne sont pas prêt à faire de tels choix". Il a tenu à souligner que le parti travailliste n'hésitera pas à prendre "des décisions difficiles" pour renforcer la reprise économique fragilisée par la détérioration des finances publiques. Les dirigeants de sept importants groupes économiques britanniques, dont le groupement des chambres de commerce, la confédération des entreprises (CBI/patronat), ont signé jeudi une lettre contre la hausse des cotisations sociales et soutenant le plan des conservateurs d'alléger ces cotisations. La lettre, qui a également été signée par 37 chefs d'entreprises, a marqué une fissure qui risque d'être fatale à l'alliance entre la communauté d'affaires et le parti travailliste. Cette alliance a été l'un des piliers majeurs du New Labour, la politique de renouveau qui avait permis aux travaillistes de retourner au pouvoir en 1997 après plusieurs années dans l'opposition.