A l'approche des élections législatives du 6 mai prochain en Grande Bretagne, la question de l'immigration s'impose comme l'un des principaux sujets soulevés par les trois grandes formations du pays. -Par Abdelghani Aouifia- L'opinion publique du Royaume-Uni, pays ou l'immigration a toujours joué un rôle central au sein de l'économie, a été polarisé durant les dernières années entre ceux qui plaidant en faveur d'une tolérance à l'égard des immigrés et ceux qui appellent à un renforcement des frontières afin de réduire les flux migratoires. Des chiffres publiés récemment par l'office de la statistique nationale britannique (ONS/officiel), ont montré que sous le coup de l'immigration, la population du Royaume-Uni, déjà le pays le plus surpeuplé en Europe, devra augmenter à 70 millions d'âmes dans les deux décennies qui viennent contre 62 millions actuellement. Les politiciens britanniques s'accordent à dire que cette augmentation devra intensifier les pressions sur les services publics de la santé, de l'enseignement, du transport et de l'habitat, ce qui nécessite une gestion novatrice de cette question sensible. Le parti travailliste, qui dirige le gouvernement sortant et que les conservateurs accusent d'avoir concouru à la hausse du nombre d'immigrés par sa politique trop tolérante, argumente que les flux migratoires à destination du Royaume-Uni sont toujours sous contrôle. Le Premier ministre sortant et chef du parti travailliste, Gordon Brown, explique que le système d'immigration par points introduit par son gouvernement a permis une réduction notable du nombre d'immigrants arrivés sur le sol britannique, soulignant que son gouvernement devra poursuivre l'action, en cas de victoire lors du prochain scrutin, pour davantage de contrôle de l'immigration. Le parti conservateur plaide, quant à lui, pour la mise en place d'un système de quotas pour les immigrés en-dehors de l'Union européenne. Or, le parti libéral-démocrate auteur d'une ascension fulgurante dans les sondages, se démarque des positions des deux grandes formations, en proposant une amnistie pour les immigrés clandestins qui vivent depuis plus de dix années en Grande-Bretagne. Aucun chiffre officiel n'est disponible sur le nombre de ces immigrés, mais la London School of Economics estime qu'il serait de l'ordre de 618.000 personnes. Les libéro-démocrates estiment qu'il est temps de régulariser la situation de ces immigrés afin de leur permettre de mieux s'intégrer au sein de la société et contribuer au développement du pays. Le parti, crédité de 30 pc dans les sondages réalisés cette semaine, propose, à cet effet, un plan, baptisé "chemin vers une citoyenneté méritée", prévoyant plusieurs conditions pour l'intégration de ces immigrés, dont une période d'essai de deux ans durant laquelle les candidats doivent prouver leur bonne conduite en travaillant régulièrement et en payant les taxes. Or, des craintes persistent quant aux chances de réussite d'un tel plan d'amnistie. Le centre sur la migration, la politique et la société, relevant de l'université d'Oxford, a indiqué dans une récente étude, publiée par la presse, que le plan d'amnistie mis en Âœuvre, par exemple, par les Etats-Unis en 1986 n'a pas contribué à réduire les flux d'immigrés clandestins en Amérique. Le nombre d'immigrés clandestins aux Etats-Unis a grimpé à 9,3 millions en l'an 2000 contre 2,7 millions en 1986, indique l'étude, rappelant qu'En Espagne, les autorités ont mis en Âœuvre six plans d'amnistie en 20 ans sans pour autant réduire le nombre d'immigrés clandestins. Par ailleurs, un récent sondage réalisé par l'institut Ipsos-Mori a montré que 65 pc des électeurs britanniques sont en faveur du durcissement des lois sur l'immigration, contre 4 pc seulement se prononçant en faveur d'un assouplissement de ces lois. L'aggravation de la situation économique en Grande-Bretagne serait la principale raison du renforcement de l'opposition des Britanniques aux immigrés. Cette situation a été saisie par les groupes d'extrême droite, dont le parti national britannique, dont la popularité s'est renforcée relativement sur fond de la grogne publique à l'égard de la politique travailliste dans ce domaine.