Le parti libéral démocrate, troisième formation politique du Royaume-Uni qui n'a jamais réussi à s'imposer face aux travaillistes et aux conservateurs, semble bien placé cette année pour décider de la configuration du gouvernement qui sera issu des prochaines élections législatives. (Par Abdelghani Aouifia) Opérant toujours dans l'ombre des deux grandes formations du pays, les libéro-démocrates se sont toujours contentés d'un rôle de détracteurs du labour et des tories, se démarquant des positions de ces derniers notamment au sujet de la guerre en Irak et de la gestion de la crise économique. Né d'une fusion en 1988 de l'ancien parti libéral britannique et du parti social-démocrate, une faction ayant quitté le parti travailliste en 1981, le parti libéral démocrate ambitionne de devenir, à long terme, une alternative au labour et aux tories. Plafonnant toujours aux alentours de 20 pc dans les sondages d'opinion, le parti dirigé par le jeune et charismatique Nick Clegg, veut faire mieux cette année que les 22,1 pc (62 sièges) aux législatives de 2005. Face à la menace d'un parlement sans majorité absolue qui se précise de plus en plus, les libéro-démocrates se placent en pole position pour jouer un rôle clef dans la formation d'un gouvernement de coalition après le scrutin du 6 mai. Travaillistes et conservateurs se bousculent désormais pour gagner le soutien de leur dauphin. Les stratèges du labour, parti lié par des affinités idéologiques aux lib-dems, estiment qu'une alliance entre les deux formations est fort probable pour maintenir leur parti au pouvoir pour un quatrième mandat successif. Les travaillistes argumentent que les positions des deux partis convergent sur plusieurs questions cruciales se rapportant notamment à la gestion de la situation économique fragile que le Royaume-Uni traverse encore en dépit de sa sortie de la récession. Les tories, quant à eux, seront appelés à faire des concessions difficiles aux libéro-démocrates pour les convaincre de soutenir un gouvernement conservateur. Patrick Dunleavy, professeur à la London School of Economics, estime qu'une alliance avec les conservateurs pourrait être une entreprise périlleuse pour l'unité des lib-dems, d'autant plus que les supporters de ces derniers "ne portent pas vraiment les tories dans leurs coeurs". Or, concède-t-il, les tentatives des tories de libéraliser leurs images sous la houlette de David Cameron, tout en suggérant un rapprochement avec les libéro-démocrates, a brouillé les cartes. Clegg n'a pas encore précisé la position de sa formation au sujet des alliances futures, arguant que les libéro-démocrates n'étaient pas "des faiseurs de rois". Or, il a souligné qu'il était difficile "de tenir tête au vainqueur". Une telle déclaration laisse la porte ouverte à une alliance avec l'une des deux grandes formations. Le parti qui sortira du vote "avec le mandat le plus fort" devra gouverner et les libéraux-démocrates l'y aideront, a-t-il dit, sans préciser ce qu'il entend par "un mandat le plus fort". Par ailleurs, le parti axe son programme électoral sur la promotion de l'éduction pour les enfants issus des couches défavorisées, une réforme du secteur financier britannique et la mise en place d'une taxe sur les banques pour financer les programmes de réinsertion des personnes ayant perdu leurs postes d'emploi à cause de la récession. Sur le plan de la politique étrangère, les libéro-démocrates plaident pour un règlement du conflit israélo-palestinien sur la base du principe de deux Etats tout en appelant à la levée du siège imposé aux populations de la bande de Gaza. Le parti, qui dispose en son sein d'un groupe de lobbying en faveur de la cause palestinienne, appelle également à mettre fin à la politique israélienne de colonisation dans les territoires palestiniens. Les libéro-démocrates favorisent, en outre, le renforcement de la coopération entre la Grande-Bretagne et ses alliés, notamment l'Union européenne (UE) et l'OTAN, en vue de régler les problèmes de la pauvreté, des changements climatiques et du terrorisme. S'agissant de l'Afghanistan, les Lib-Dems, qui estiment que le conflit dans ce pays ne peut pas être résolu par la seule force militaire, appellent au lancement d'un processus de paix visant le règlement de la question afghane en impliquant les pays voisins. Pour ce qui est de l'Europe, les libéros-démocrates naviguent habilement entre les courants euro-septiques en Grande-Bretagne, en se contentant d'appeler à une réforme des politiques actuelles de l'UE au lieu d'amorcer davantage de changements institutionnels.