Le système de démocratie parlementaire britannique a depuis toujours fasciné par ses spécificités, y compris son mode de scrutin majoritaire à un tour, qui commence à susciter des controverses de plus en plus grandissantes. Par Abdelghani Aouifia Londres- 07/04/10- Le système de démocratie parlementaire britannique a depuis toujours fasciné par ses spécificités, y compris son mode de scrutin majoritaire à un tour, qui commence à susciter des controverses de plus en plus grandissantes. Ce mode de scrutin, en vigueur depuis plusieurs années, permet au candidat qui remporte le plus de voix d'être élu à la chambre des Communes (chambre basse du parlement), même s'il n'obtient pas plus de la moitié des suffrages. Ce système, qui tend à assurer une surreprésentation au parti majoritaire, favorise toujours l'une des deux plus grandes formations du Royaume-Uni: le parti travailliste ou le parti conservateur, au détriment des petites formations. Ces dernières, en particulier le parti libéral démocrate, ont toujours appelé à l'abolition du système et son remplacement par une représentation proportionnelle plus équitable. Le Premier ministre sortant, Gordon Brown, qui avait plaidé en février dernier pour le changement du système dans le sillage du scandale des notes de frais indument touchés par des députés, a réitéré mardi son engagement en faveur d'une réforme politique qui engloberait la mise en place d'un système de vote en phase avec l'évolution qu'a connue la scène politique britannique. Le même appel a été lancé par Jenny Watson, présidente de la commission électorale, qui a qualifié l'actuel mode de scrutin d'"inadéquat" et de "reliquat" de pratiques révolues. Si le parti travailliste se prononce en faveur d'une telle réforme, la formation conservatrice, qui se veut une force de changement dans le pays, s'attache au système actuel. Les Tories, qui aspirent à reconquérir le pouvoir après 13 années dans l'opposition, argumentent que le mode de scrutin majoritaire à un tour "produit des gouvernements stables et permet de tenir les partis d'extrême droite loin du pouvoir". Les conservateurs accusent également leurs rivaux travaillistes de chercher, à travers leur défense de la réforme du système de vote, à s'adjuger dès maintenant le soutien du parti libéral démocrate en vue de former un gouvernement de coalition si les élections du 6 mai débouchent, comme le prédisent les sondages, sur un parlement sans majorité. Des experts politiques britanniques, comme Chris Jilson, professeur à la London School of Economics, argumentent que ce mode de scrutin explique la baisse continue du taux de participation durant les élections législatives des dernières années. "Les électeurs sont irrités par l'injustice de ce mode de scrutin, qui ne reflète pas réellement les préférences de l'électorat", indique le professeur Jilson, soulignant que ce système est devenu "archaïque voire primitif". Il a rappelé que la majorité des députés élus au parlement de 2005 avaient remporté entre 35 et 49 pc des voix seulement dans leurs circonscriptions. L'expert explique la survie de ce mode de scrutin par le fait qu'il a toujours favorisé l'une des deux plus grandes formations du pays. A la faveur de ce mode, le labour et les tories ont toujours réussi à conserver leur fiefs traditionnels (centres urbains et régions industrielles pour les travaillistes, et sud-est et est de l'Angleterre pour les conservateurs). Par ailleurs, les élections législatives britanniques ont lieu en principe tous les cinq ans, après la dissolution du parlement par la reine à la demande du Premier ministre sortant. Le Royaume-Uni est découpé en 650 circonscriptions électorales, qui correspondent à des zones géographiques et élisent leurs députés à la chambre des Communes. Les candidats sont généralement désignés par leur parti. Les candidatures indépendantes sont peu nombreuses, les électeurs votant pour le parti plus que pour l'individu. Selon la tradition constitutionnelle britannique, le gouvernement est formé par le parti qui remporte la majorité des sièges aux Communes. Le dirigeant du parti victorieux est généralement nommé Premier ministre par la Reine, a qui il soumet la liste de son gouvernement.