Une mission de la dernière chance de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) est arrivée, mardi matin, à Abidjan pour tenter de convaincre le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara. La délégation est composée des chefs d'Etat béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma, et cap-verdien Pedro Pires. Ces trois dirigeants vont tenter de persuader Gbagbo de reconnaître sa défaite à la dernière élection présidentielle et de transmettre le pouvoir à l'ancien Premier ministre Ouattara, reconnu par quasiment toute la communauté internationale. La CEDEAO a envoyé cette mission comme "dernier geste" pour obtenir le départ de M. Gbagbo, avant de recourir à la "force légitime" pour le déloger. Après les médiations de l'ancien président sud-africain Thabo Mbkei, puis du président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, la diplomatie semble jouer mardi sa dernière carte avec cette nouvelle initiative africaine. Lors de son dernier sommet extraordinaire à Abuja, la CEDEAO a averti d'une intervention armée si Gbagbo persistait dans son refus de céder le pouvoir. "En cas de rejet de cette demande non négociable, la Communauté n'aura d'autre choix que de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l'usage de la force légitime pour réaliser les aspirations du peuple ivoirien", indique le communiqué final de ce sommet. "Le sommet consent à faire un dernier geste à l'endroit de M. Gbagbo, l'exhortant à faire une sortie pacifique. A cet effet, les chefs d'Etats et de gouvernements ont décidé de dépêcher une délégation spéciale de haut niveau en Cote d'Ivoire", a ajouté la même source. La CEDEAO a averti qu'elle réunirait les chefs d'Etat-major de ses pays membres pour préparer une éventuelle intervention militaire. M. Gbagbo a dit "prendre au sérieux" la menace d'une intervention militaire, tout en mettant en garde contre un risque de "guerre civile". "Il y aura peut-être un désordre intérieur, une guerre civile en Côte d'Ivoire, parce que nous n'allons pas nous laisser piétiner notre droit et nos institutions", a-t-il déclaré. La CEDEAO avait déjà reconnu Alassane Ouattara comme vainqueur de la présidentielle du 28 novembre, et exclu la Côte d'Ivoire de ses instances. Toujours sur le plan diplomatique, l'Union africaine (UA) a demandé lundi au Premier ministre kényan, Raila Odinga, de coordonner les efforts pour tenter de résoudre la grave crise politique en Côte d'Ivoire. Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, a demandé à M. Odinga "d'assurer le suivi de la situation en Côte d'Ivoire et de renforcer les chances de succès des efforts en cours", indique un communiqué de l'UA. M. Odinga, qui a été nommé Premier ministre en 2008 dans un gouvernement de coalition, avait appelé récemment à l'usage de la force pour obtenir le départ de Laurent Gbagbo.