Le président de l'Instance Centrale pour la Prévention de la Corruption, Abdesselam Aboudrar, a pris part à une rencontre internationale, organisée au siège de la Banque mondiale à Washington, sur les poursuites contre les cas de corruption et de détournement de fonds. Cette rencontre, dont le coup d'envoi a été donné lundi dernier, a réuni, trois jours durant, plus de 200 membres de l'Alliance internationale des traqueurs de corruption venus de 134 pays dans l'objectif, font valoir les organisateurs, de "coopérer et mettre en place un régime international permettant de traquer et de traiter des cas de fraude et de corruption qui par nature ne connaissent pas de frontière et mettent en jeu plusieurs pays". Dans une déclaration à la MAP, M. Aboudrar a fait savoir que cette rencontre, qui s'est déclinée en plusieurs ateliers, a permis de débattre de différentes questions, dont la prévention de la corruption qui garantit des résultats à long terme. Les débats se sont également cristallisés autour du renforcement des poursuites contre les cas de corruption et de détournement de fonds, ainsi que de la répression des fraudes qui aboutissent chaque année au détournement de 20 à 40 milliards de dollars au détriment des pays en développement. Les ateliers prévus dans le cadre de ce conclave ont permis notamment de mettre en avant la problématique de l'instauration d'un climat de confiance entre les agents de lutte contre la corruption et le public. " Partout dans le monde, le public est désabusé. Il pense qu'on ne peut faire grand chose contre la corruption", a dit M. Aboudrar. Les participants à la rencontre, fait-il savoir, ont été unanimes à souligner que la meilleure réponse pour rétablir un climat de confiance est de "bâtir un édifice de manière constante et continue et de mener un travail de longue haleine pour asseoir une crédibilité en apportant les réponses et en donnant de bonnes recommandations". A ses yeux, "il est impératif de mesurer les progrès et de multiplier les approches pour appréhender la corruption". S'arrêtant sur l'expérience marocaine en matière de lutte contre la corruption, M. Aboudrar a plaidé pour une stratégie globale canalisant les efforts de toutes les instances concernées. "Il faut qu'il y est une coordination étroite au niveau intérieur dans le cadre d'une approche cohérente pour que le public puisse sentir les avancées", a dit le président de l'Instance Centrale pour la Prévention de la Corruption. Il a également mis en exergue le travail des autorités judiciaires qui doivent, selon lui, "communiquer sur les cas de corruption, donner des statistiques sur les cas investigués ou poursuivis et les cas classés". M. Aboudrar a eu, en marge de la rencontre de l'Alliance internationale des traqueurs de corruption, la première du genre depuis la création de cette structure en 2009, des réunions avec des membres du Département de l'Intégrité institutionnelle à la Banque mondiale, chargé de la région Moyen Orient et Afrique du Nord. La rencontre a rassemblé des intervenants de haut niveau dont Moreno-Ocampo, procureur général de la Cour pénale internationale, Huguette Labelle, présidente de Transparency International, Eva Joly, présidente de la commission du développement au Parlement Européen, Ronald K. Noble, Secrétaire Général d'INTERPOL et Robert Zoelick, président de la Banque Mondiale, ainsi que des procureurs généraux et des présidents d'agences et d'instances de lutte contre la corruption. Organisée par la Banque mondiale avec l'appui de l'Australie, de la Norvège et du Danemark, cette réunion a permis également d'examiner les meilleures pratiques en matière de partage des informations et de contrôle de l'application des décisions. Elle intervient à un moment où la Banque mondiale intensifie ses propres efforts de lutte contre la corruption, ce fléau étant considéré par l'institution financière internationale comme "l'un des principaux obstacles au développement économique et social dans les pays à faible revenu". L'alliance a été mise en place par la Banque mondiale dans le but de partager avec les pays concernés ses conclusions sur les cas de corruption constatés. Au cours du dernier exercice, la Banque mondiale a ainsi soumis 32 cas à des gouvernements et agences anti-corruption pour qu'ils enquêtent et engagent des poursuites en conséquence.