Les affrontements entre la police espagnole et les jeunes Marocains de Melillia ont repris, dimanche soir non loin du quartier "la Canada", théâtre depuis la semaine dernière de mouvements de protestation de jeunes en colère contre leur exclusion du programme local d'embauche, apprend-on de source bien informée. La police espagnole est intervenue en grand nombre pour disperser les manifestants, issus des quartiers périphériques, protestant contre la détérioration de leurs conditions de vie, a fait savoir la même source, faisant état du déploiement d'un important dispositif de sécurité aux entrées des quartiers gagnés par les troubles. Les jeunes manifestants ont incendié des véhicules en stationnement au niveau des avenues "Reina Regente" et "Polvorin", avant d'entrer en affrontement avec la police locale. Par ailleurs, les autorités espagnoles veillent à ce qu'aucune information ne filtre au sujet de ces heurts. Un Black-out total est imposé sur ces évènements par les autorités espagnoles au moment où les médias locaux recourent toujours à la désinformation à ce sujet. Dimanche, la police espagnole a interdit la journaliste marocaine Fatima Zahra Jdili de "Med Radio" d'accéder à la ville de Melillia occupée, et lui a signifié qu'elle était "persona non grata" dans les deux villes occupées de Sebta et Melillia. En dénonçant ce "comportement répressif" dans un communiqué, publié dimanche, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a indiqué que l'interdiction d'accès à cette journaliste s'inscrit dans le cadre des tentatives de désinformation et de black-out sur les événements sociaux à Mélillia occupée et se trouve aux antipodes des slogans dont se gargarise le gouvernement espagnol, tels le respect des droits de l'Homme, de la liberté de la presse et de la démocratie. Le SNPM a appelé les organisations internationales de défense de la liberté de la presse à exercer des pressions sur les autorités espagnoles pour les amener à reconnaître le droit des journalistes marocains à accomplir leur mission dans les villes occupées de Sebta et Melillia. La situation sociale dans ces quartiers dits "marginaux", habités par des Marocains, demeure explosive d'autant plus que la réunion entre les représentants des habitants et le délégué du gouvernement central, Gregorio Escobar, tenue vendredi, n'a abouti à aucun résultat tangible et "aucune mesure concrète" n'a été prise pour répondre aux revendications sociales des habitants. Plusieurs familles n'ont aucune source de revenu et la majorité des habitants sont au chômage. Leur exclusion d'un programme d'embauche de plus de 1.300 personnes a été la goutte qui a fait déborder le vase. Les affrontements entre la police espagnole et des jeunes de Melillia avaient débuté mardi dans certaines zones de la ville occupée avant de s'étendre à d'autres quartiers. Un jeune de 16 ans a été tué par balles tirés par des policiers espagnols, selon des médias locaux. Plus d'une vingtaine de personnes ont été arrêtées, dont des mineurs, suite à ces incidents sans précédent dans la ville depuis des années. Pour rétablir un semblant de calme, les forces de l'ordre ont usé de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants, qui ont réagi en dressant des barricades et en incendiant des véhicules, des pneus et des bennes à ordures. Les habitants, déjà échaudés dans le passé par des promesses non tenues surtout de la part de politiciens de la place qui ne les courtisent que le temps des élections pour s'assurer leur vote, avaient affirmé qu'ils vont maintenir le mouvement de colère jusqu'à la satisfaction de leurs revendications sociales.