L'Espagne, confrontée à une crise économique aiguë depuis l'année 2008, subit, plus que jamais, le phénomène de la délocalisation des entreprises étrangères à la recherche de nouveaux horizons d'investissement. Par Omar El Mrabet Plusieurs multinationales ont ainsi décidé de transférer leurs centres d'opérations et de production de l'Espagne à d'autres pays à la recherche d'une main d'oeuvre moins coûteuse, d'un meilleur accès aux ressources naturelles, d'une fiscalité et d'une réglementation plus attractives, ainsi que d'infrastructures mieux adaptées, d'un environnement plus attrayant ou d'un marché local assurant des débouchés plus vastes. +L'hémorragie commence+ La marque britannique de vêtements et accessoires de luxe " Burberry " a fait part de sa décision de fermer son site en Catalogne (nord-est de l'Espagne), dédié à la production de collections exclusives, ce qui impliquera la suppression de plus de 300 postes d'emploi. Cette décision s'inscrit dans le cadre de la restructuration de ses activités déficitaires en Espagne. La crise économique mondiale, dont les conséquences sur l'Espagne dépassent toutes les prévisions, et la chute spectaculaire de la demande de la collection locale sont derrière cette décision, ont expliqué des experts, cités par les médias locaux. " Burberry " n'est pas la seule entreprise concernée par cette situation. Le fabriquant de motocyclettes " Montesa Honda " a, lui aussi, annoncé la fermeture de son usine à Barcelone et son transfert en Italie. Une telle décision implique la suppression de pas moins de 340 postes d'emploi dans un pays où le taux de chômage dépasse déjà les 20 pc. L'Oréal fait également partie des compagnies ayant décidé de mettre fin à leurs activités en Espagne en raison de la sombre situation économique qui sévit dans le pays depuis 2008. Ce groupe, installé dans 130 pays, vise, à travers cette décision, la rationalisation industrielle et la concentration de la production de la gamme de luxe en France. Et comme si le tableau n'était pas déjà assez sombre, le constructeur allemand Opel a, de son côté, annoncé la suppression de 900 postes de travail en Espagne dans le cadre de la restructuration des activités de la filiale du géant américain General Motors en Europe. Pour les spécialistes, ces opérations de délocalisation jettent encore plus de lumière sur la situation difficile de l'économie espagnole et mettent en doute l'avenir des investissements étrangers dans le pays ibérique, lesquels investissements ont déjà enregistré une chute notable au cours des deux dernières années.
+Un malheur ne vient jamais seul+ La situation de l'économie espagnole, qui s'est très vite ressentie de l'impact de la crise sur tous les niveaux et qui est entrée en récession depuis 2008, inquiète au plus haut point économistes et experts, notamment suite à la publication de plusieurs rapports européens mettant en lumière la faiblesse structurelle de l'économie du pays ibérique. Le Produit Intérieur Brut (PIB) du pays a accusé un recul de 3,6 pc en 2009 par rapport à l'année précédente, ce qui représente la pire baisse enregistrée durant les dernières décennies, alors que le chômage a franchi un nouveau cap alarmant. Le nombre de personnes sans-emploi atteint presque la barre des 5 millions, soit un taux de 20 pc et la situation ne semble pas près de s'améliorer. Il s'agit du taux le plus élevé en Espagne depuis 1996, et parmi les pays du bloc européen, seule la Lettonie devance l'Espagne avec un taux de 22,8 pc. De son côté, le déficit public a atteint les 120.000 millions d'Euros l'année dernière, soit 11,4 pc du PIB, dépassant ainsi les estimations du gouvernement, qui tablait sur un déficit de 100.000 millions d'Euros (9,5 pc du PIB). Cette différence est due à plusieurs facteurs, notamment le déficit de 800 millions d'Euros enregistré dans le système public des pensions, soit 0,8 pc du PIB, et presque le double des estimations initiales de l'exécutif. Les comptes publics, qui avaient enregistré un excédent supérieur à 20.000 millions d'Euros en 2006 et 2007, affichent eux aussi un déficit de presque 12 pc de la richesse du pays, un déficit record dans l'histoire récente de l'économie espagnole. Et pour compléter le tableau, le pays est réduit à occuper le trentième rang en termes de compétitivité, devancé par presque la totalité des pays de l'Union européenne, et loin derrière des pays comme l'Irlande, la Chine, Taïwan, l'Estonie, la Malaisie, le Chili, l'Inde ou la Corée du Sud.