* Si le Maroc tire profit de son accueil des entreprises délocalisées, les économies dorigines nen sont pas également bénéficiaires. * Lemploi est le premier touché par les méfaits de la délocalisation. Lors des récentes journées détudes organisées par le Centre dEtudes Sociales, Economiques et Managériales (CESEM), créé par Cesem, la délocalisation et ses implications économiques a retenu lattention de lensemble des participants. Et pour cause, le Maroc est devenu ces dernières années une destination de choix pour les délocaliseurs. Il est bien admis que cet engouement sexplique essentiellement par les moult avantages quaccorde le gouvernement aux grands projets délocalisés, à linstar de lusine de Renault à Tanger. Olivier Bouga-Bouga, maitre de conférence à luniversité de Poitiers, a rappelé demblée que les entreprises recourant à la délocalisation sont à la recherche du bénéfice maximum. Elles recherchent donc un coût salarial minimum ; celui-ci ne constitue cependant pas lunique facteur de délocalisation. En effet, les potentialités de croissance des entreprises et la présence sur les marchés étrangers sont dautres raisons principales de la délocalisation vers létranger. Mais puisque larrivée dune entreprise internationale, ou son départ, ne passe pas sans reverser son impact sur la structure économique, il est indispensable de mesurer les effets de ces flux sur le microcosme économique. Même si lon regrette de ne pas disposer, à ce jour, détude analysant concrètement ce processus. «La transnalisation des entreprises, dont la délocalisation et la relocalisation sont des manifestations, pose problème depuis lentrée en crise économique industrialisée dans les années 70», annonce Jean-Pierre Chanteau, économiste et universitaire français, avant de rappeler que «la délocalisation apporte une décomposition internationale croissante des processus productifs». Limpact des délocalisations sur le marché du travail est ainsi devenu lun des thèmes majeurs qui préoccupent les décideurs politiques et lopinion publique des pays développés. Ce phénomène, qui n'est pas vraiment nouveau, suscite des inquiétudes parce que, désormais, il ne concerne plus uniquement les secteurs traditionnels de lindustrie manufacturière et les emplois peu qualifiés, mais également les secteurs technologiquement plus avancés et les services, notamment ceux destinés aux entreprises. Plus récemment, les emplois plus qualifiés ont également été touchés par les délocalisations. «La délocalisation est souvent vécue comme une injustice des salariés de ces entreprises», ajoute J-P. Chanteau, qui rappelle que les plans de retraite anticipée ou les programmes de reconversion des salariés pourraient en être des solutions. Cependant, selon J-P Chanteau, limpact de la délocalisation sur les ménages dépend de trois cas de figure. Le premier est un scénario dit «rose, où la délocalisation aura comme effet à court terme la baisse des revenus, de lemploi et, plus globalement, de la production. Mais à moyen terme elle provoquera une hausse du pouvoir dachat en raison de la baisse des coûts de production des entreprises délocalisées et, partant, enclenchera une baisse des prix. Mais cette théorie ne peut être aussi «rose» si cette augmentation du pouvoir dachat saccompagnait dune hausse des importations et non de consommation locale. Et cest là le deuxième scénario de notre économiste. Dans ce cas de figure, le seul avantage que tirerait une économie de délocalisation ce sont les bénéfices rapatriés. Une situation qui peut se transformer en un scénario «noir» si la délocalisation provoque une baisse de lattractivité de léconomie où beaucoup dentreprises se délocalisent et, de ce fait, implique une baisse généralisée des IDE. Ce troisième scénario prévoit également une chute de la productivité à plus grande échelle.