Les peines de mort sont en baisse aussi bien au Maroc que dans le monde. 93 personnes étaient sous le coup d'une condamnation à la peine de mort en 2018, soit deux personnes de moins qu'en 2017. Dans le monde, le nombre d'exécutions recensées a diminué de 31 %, atteignant le chiffre le plus faible enregistré depuis au moins 10 ans. La plupart des exécutions ont eu lieu, par ordre décroissant, en Chine, en Iran, en Arabie saoudite, au Viêt-Nam et en Irak. Dans son rapport annuel 2018 sur la peine de mort dans le monde, Amnesty International souligne, pour le cas du Maroc, que même si aucune exécution n'a eu lieu depuis 1993, les tribunaux ont prononcé dix condamnations à mort en 2018. Soit cinq de moins qu'en 2017. Le rapport affirme aussi qu'en 2018, cinq condamnés ont bénéficié d'une grâce ou d'une commutation. Malgré cela, Amnesty international s'inquiète de voir le Maroc non encore engagé, jusqu'aux nos jours, pour abolir la peine capitale. Au niveau régional, le nombre d'exécutions recensées par Amnesty International au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a reculé de 41 %, passant de 847 en 2017 à 501 en 2018, chiffre le plus bas enregistré dans la région. Selon l'ONG, cinq pays ont procédé à des exécutions, soit deux fois moins qu'en 2017 : l'Arabie saoudite, l'Égypte, l'Irak, l'Iran et le Yémen. L'Iran, l'Arabie saoudite et l'Irak demeuraient les pays procédant au plus grand nombre d'exécutions dans la région, totalisant à eux trois au moins 454 exécutions, soit 91 % du total enregistré pour l'ensemble de la région. Les 1 170 sentences capitales recensées en 2018 représentent une augmentation de 89 % par rapport aux 619 condamnations enregistrées en 2017. Comme en 2017, poursuit la même source, la majorité des condamnations à mort ayant pu être vérifiées dans la région ont été prononcées en Égypte, où au moins 717 personnes ont reçu une sentence capitale, contre au moins 402 en 2017. En Afrique subsaharienne, Amnesty international souligne que quatre pays ont procédé à des exécutions en 2018 : le Botswana, la Somalie, le Soudan et le Soudan du Sud. Malgré l'augmentation alarmante du nombre d'exécutions au Soudan du Sud, le nombre total enregistré pour la région est passé de 28 en 2017 à 24 en 2018, en raison de la chute du nombre d'exécutions recensées en Somalie. Le nombre de condamnations à mort recensées a diminué, passant de 878 au moins en 2017 à 212 au moins en 2018. Par ailleurs, le nombre de pays ayant prononcé des sentences capitales a augmenté, passant de 15 en 2017 à 17 en 2018. En Amérique, les USA ont été, pour la 10e année consécutive, le seul pays du continent à exécuter des condamnés. Le nombre d'exécutions (25) et de condamnations à mort (45) recensées aux États-Unis a légèrement augmenté par rapport à 2017. Dans la région de l'Asie et du Pacifique, au moins 136 exécutions ont eu lieu dans neuf pays de la région en 2018, contre au moins 93 en 2017. Il s'agit, en autres, du Japon, de Thaïlande, de Singapour, de Pakistan, et de Malaisie… C'est une fois de plus en Chine qu'ont été exécutés le plus grand nombre de condamnés. « Toutefois, il est impossible d'obtenir des chiffres précis sur l'application de la peine capitale dans le pays, ces données étant classées secret d'État. Amnesty International estime que plusieurs milliers de personnes sont condamnées à mort et exécutées chaque année dans ce pays », estime l'ONG. En Europe et en Asie centrale, quatre exécutions au moins ont été recensées au Bélarus en 2018, contre deux en 2017. Depuis 2005, le Belarus est le seul pays de la région à continuer de procéder à des exécutions. La Fédération de Russie, le Kazakhstan et le Tadjikistan ont maintenu leur moratoire sur les exécutions. Une tendance mondiale à l'abolition Dans le monde, poursuit Amnesty international, le nombre d'exécutions recensées a chuté de près d'un tiers l'an dernier, atteignant le chiffre le plus faible enregistré depuis au moins une décennie. « La chute du nombre d'exécutions à l'échelle mondiale prouve que même les pays apparemment les plus rétifs amorcent un changement et réalisent que la peine de mort n'est pas la solution », a déclaré Kumi Naidoo, secrétaire général d'Amnesty International. « En dépit des quelques mesures rétrogrades prises par certains d'entre eux, le nombre d'exécutions auxquelles ont procédé plusieurs des pays recourant le plus fréquemment à ce châtiment a baissé de façon très sensible. Cela incite à espérer que ce n'est qu'une simple question de temps avant que ce châtiment cruel d'un autre temps ne soit relégué au passé. » Globalement, Transapency Internationale note que la peine de mort est résolument en recul, et que des mesures concrètes sont prises partout dans le monde pour mettre fin à ce châtiment cruel et inhumain. Chiffres à l'appui, en 2018, 106 pays avaient aboli la peine de mort dans leur législation pour tous les crimes, et 142 étaient abolitionnistes en droit ou en pratique. L'ONG rappelle, à cet égard, que, lors de l'Assemblée générale des Nations unies, en décembre, 121 pays – chiffre sans précédent – ont voté en faveur de la résolution appelant à un moratoire mondial sur la peine de mort. Seuls 35 pays ont voté contre cette résolution. A. CHANNAJE