Comme annoncé dans notre édition du 21 mars 2019, le Trésor opérerait deux sorties de levée de fonds à l'international, en 2019 et en 2020, de l'ordre de 11 milliards de dhs chacune. L'information se confirme et ses détails viennent d'être livrés par M. Mohamed Benchaâboun, ministre de l'Économie et des Finances, lors d'un entretien accordé, à Marrakech le 7 courant, à l'agence Bloomberg. Pour l'Argentier du Royaume, la décision du Maroc de procéder à la levée, cette année, de pas moins d'un milliard de dollars par le biais d'émission d'obligations internationales, annonce un changement de stratégie gouvernementale vis-à-vis des obligations pour financer son programme économique. A cet effet, précise M. Benchaâboun, le Royaume avait mandaté un consortium de banques pour mener à bien cette émission qui serait également reconduite au titre de 2020. A ce niveau, l'idée développée par le ministre des Finances est que « lorsque vous êtes régulièrement présent sur le marché obligataire international, vous fixez votre objectif de prix pour la dette que vous souhaitez contracter et, évidemment, vous mobilisez plus rapidement des financements pour le compte des préteurs, car ils vous connaissent ». Toujours est-il qu'au moment de la rédaction de cet article, aucune date ou calendrier n'a été fixé à cette sortie. Laquelle sortie se fera « dès que les conditions le permettraient», annonce M. Benchaâboun. Cependant, ce qui est sûr, c'est que cet effet d'annonce de sortie à l'international intervient dans un contexte particulier, que ce soit en interne ou en externe. En externe, le contexte international, pour le moins incertain, est fort imprégné de menaces protectionnistes, d'accroissement des tensions commerciales et d'instabilité politique. Ce qui se passe actuellement en Algérie en est la parfaite illustration, au niveau régional. En interne, l'heure est à la reconsidération de l'actuel modèle de développement qui, de l'avis de tout un chacun, bute sur ses propres limites en termes de réduction de disparités catégorielles et/ ou territoriales, ainsi qu'en termes de justice sociale. Et ce, au moment où le gouvernement est toujours en quête de modes de financement alternatifs, qui n'auraient pas à compromettre le financement public ou provoquer un quelconque effet d'éviction qui, à son tour, pourrait engendrer, en interne, une massive levée de fonds. Partant de là, il va sans dire que toute sortie à l'international pourrait limiter en interne les éventuelles pressions sur les taux et injecter davantage d'argent frais sur le marché monétaire, qui en a grand besoin. D'autant plus qu'aux derniers chiffres, les réserves de changes sont sujet à effritement. Et à en juger les projections de la Banque centrale qui, rappelons le, vient de réviser à la baisse la croissance pour 2019 à 2,7%, les réserves internationales nettes passeraient de 231 milliards de dhs, en 2018, à 239 milliards, en 2019, avant de revenir à 236 milliards, en 2020. En des termes beaucoup plus simples, les réserves internationales continueraient à couvrir, bon an mal an, un peu plus de cinq mois d'importation de biens et services. N. BATIJE