La Coupe d'Afrique de Football bat son plein. Les performances des footballeurs sont étroitement liées à leurs aptitudes physiques et psychiques. La médecine de sport jour un rôle capital avant, pendant et après les matches. Tous les footballeurs nationaux et internationaux, professionnels et amateurs, sont dans l'obligation de se soumettre à un suivi médical, notamment basé sur des examens radiologiques. Quelle est la place de l'imagerie médicale dans le suivi de la santé du sportif ? Quelle est la place de l'imagerie préventive, de l'imagerie diagnostique et de l'imagerie thérapeutique ?, sont quelques-unes des questions auxquelles va essayer de répondre dans cet entretien Dr Boumehdi Bounhir, médecin radiologue. L'Opinion : En quoi les examens radiologiques sont importants dans la vie d'un sportif aussi bien lors de son recrutement que dans le suivi de sa carrière ? Dr Boumehdi : L'imagerie accompagne aujourd'hui le sportif de haut niveau dès son engagement dans un club professionnel, puis tout au long de sa carrière. Les examens radiologiques ne sont pas réalisés seulement dans un but diagnostique, ils entrent aussi dans le cadre de la prévention : prévention générale avec la recherche de maladies cardiaques et prévention plus spécifique des lésions neurologiques et musculosquelettiques, en fonction des différents sports. L'Opinion : Quels sont les principaux objectifs de l''imagerie préventive ? Dr Boumehdi : L'imagerie est indispensable dans le cadre de la prévention cardiologique chez le jeune sportif de haut niveau. L'IRM, qui supplante actuellement l'échographie, a pour objectif de dépister des anomalies exposant le sportif au risque de mort subite. Elle recherche ainsi une malformation, une cardiomyomathie hypertrophique (à différencier du gros cœur « normal » du sportif de compétition) ou une dysplasie arythmogène. Chez le sportif plus âgé qui pratique un sport d'endurance, comme le marathon par exemple, le risque est davantage coronarien. L'examen de choix est le coroscanner pour la détection d'atteintes coronaires asymptomatiques. Au niveau des articulations et des muscles, le dépistage de lésions infracliniques pourrait permettre de mettre en place des mesures préventives et d'aménager le rythme des activités. Dans le cadre d'autres sports comme le volley, le basket et le handball, certaines études plaident pour le dépistage essentiellement sur le tendon rotulien, il se fait par échographie en début de saison, là encore pour adapter le rythme des matchs afin d'éviter le « jumper knee », cette tendinopathie rotulienne qui peut lourdement entraver l'activité des joueurs. L'Opinion : Y a-t-il d'autres objectifs non médicaux de l'imagerie préventive ? Dr Boumehdi : Si ce dépistage peut avoir un objectif préventif avec la mise en place de mesures thérapeutiques adaptées ou la limitation d'une activité trop intense exposant à un risque d'accident, l'imagerie entre aussi aujourd'hui dans le cadre de la gestion des clubs. En effet, avant d'engager un sportif, la recherche de ses antécédents, notamment des accidents qui ont entravé les saisons précédentes, l'examen clinique mais aussi l'imagerie pour dépister des lésions susceptibles d'entraîner des arrêts sont déterminants pour la signature du contrat et pour la négociation du salaire. On peut citer les IRM de genoux que demandent systématiquement certains clubs de football professionnels avant la signature d'un nouveau joueur. L'Opinion : Qu'en est-il de l'imagerie diagnostique ? Dr Boumehdi : La radiologie fait partie du diagnostic de toutes les lésions traumatiques, notamment les fractures, dans tous les sports. Les plus graves surviennent dans les sports de vitesse comme le ski avec le risque de fractures cervicales dont les conséquences peuvent être dramatiques. Elle concerne aussi les pathologies chroniques, comme l'encéphalopathie traumatique chronique qui touche particulièrement les boxeurs, les joueurs de football américain et les rugbymen. Par ailleurs, l'imagerie diagnostique peut aussi être très spécifique de chaque sport. Suivant les gestes et les contraintes, les articulations, les tendons et les muscles les plus sollicités sont différents et les pathologies variables. Ainsi, par exemple, les danseurs professionnels qui font des pointes sont exposés au risque de tendinite du fléchisseur du gros orteil que l'on recherche par échographie ou à la nécrose de l'os sésamoide que l'on peut rechercher au scanner. Les tennismen, comme les golfeurs, sont eux à risque de lésion du tendon extenseur ulnaire du carpe au niveau de la main, que l'on peut dépister par échographie. Les marathoniens peuvent développer des fractures de fatigue non visibles à la radiographie mais détectées par l'IRM.