Les entreprises et les investisseurs se concentrent maintenant sur les implications de l'entrée en vigueur de l'Accord de Paris le 4 novembre dernier pour leurs modèles d'affaires, les risques de l'intensité énergétique et les occasions offertes par les nouveaux produits et services destinés au système énergétique bas carbone. Les engagements pris en amont de et à Paris sont désormais transformés en actions et de nouveaux engagements sont pris. Dans ce monde assujetti au carbone, le secteur privé voit de plus en plus la productivité énergétique comme le combustible principal, crucial mais souvent négligé. Elle peut permettre la réduction nécessaire de 40% des émissions de gaz à effet de serre, la réduction de la facture mondiale de carburants fossiles de plus de 2 000 milliards de dollars et la création de plus de six millions d'emplois d'ici 2020. Dans cette optique, les entreprises se préparent à saisir les opportunités qui découlent du récent amendement de Kigali au Protocole de Montréal, qui annonce une ère de super efficacité dans le domaine du super refroidissement, qui peut être égalée par la super efficacité de nombreux appareils dont un monde de plus en plus riche. A noter que le nombre croissant d'engagements des grandes entreprises et des investisseurs montre que le monde des affaires continue de jouer un rôle de leadership aux côtés des gouvernements sur les changements climatiques. Il argumente aussi toujours plus en la faveur de toutes les sources d'énergie renouvelable, car leurs coûts continuent de diminuer, ce qui rend la décarbonisation du système énergétique mondial plus rentable et économiquement possible que jamais auparavant. On s'accorde à dire de nos jours que l'action du secteur privé en matière de lutte contre le changement climatique est cruciale parallèlement à une politique gouvernementale robuste pour stimuler la confiance et à permettre des investissements à long terme dans un avenir énergétique propre et équitable. Le doublement de la part mondiale des énergies renouvelables d'ici 2030, soit à hauteur de 36%, génèrerait 50% des réductions d'émissions de CO2 nécessaires pour maintenir la température moyenne mondiale en dessous de 2°C, et génèrerait 24 millions d'emplois au passage. Aussi précise-t-on, le déploiement des énergies renouvelables dans le secteur de l'électricité est sur la bonne voie, mais il reste encore beaucoup à faire dans d'autres secteurs comme les transports, l'industrie et les bâtiments. La plate-forme Biofuture, lancée à Marrakech par le gouvernement du Brésil, vise à devenir une plate-forme dirigée par les pays et axée sur l'action pour favoriser le dialogue politique et la collaboration entre les principaux pays, les organisations, les universités et le secteur privé. Elle traitera en particulier de l'intensification des carburants bas carbone pour le secteur du transport, le bioraffinage et la bioéconomie avancée. En outre, les partenariats multipartites en faveur de l'avancement des énergies renouvelables lancés l'année dernière pendant la COP21 continuent de prendre de l'ampleur. L'Alliance géothermique mondiale s'est étendue à près de 70 pays membres et institutions partenaires dans le monde. Dans le but de débloquer les investissements géothermiques à l'échelle mondiale, l'alliance a pour objectif de fournir un soutien personnalisé aux régions et aux pays ayant un potentiel de marché géothermique, de faciliter l'échange d'expériences entre les principales parties prenantes du secteur et de fournir une assistance technique et un renforcement des capacités pour favoriser un environnement propice au développement de l 'énergie géothermique. L'Initiative pour l'énergie renouvelable en Afrique (AREI), lancée par les chefs d'Etat africains à la COP21, vise à accroître la capacité énergétique de l'Afrique de 10 GW d'ici 2020 et de 300 GW d'ici 2030. Dix donateurs se sont engagés à mobiliser 10 milliards de dollars pour contribuer à atteindre les objectifs de 2020. Les dirigeants et les partenaires de cette initiative feront rapport des progrès concrets réalisés depuis la COP21, y compris à propos de la mise en œuvre des engagements des donateurs sur le terrain. Le Programme mondial sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique (GPREE), initiative majeure annoncée en mai 2016 à Bonn, découle des intérêts communs du Groupe des pays les moins avancés (PMA), de l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS), de la Suède et du Maroc. Ces pays et groupes lancent actuellement une nouvelle initiative sous l'égide du GPREEE, l'Initiative internationale sur l'efficacité énergétique (IEEI), qui a été présentée pour la première fois par le gouvernement marocain lors de la Semaine du climat 2016 à New York. Il est prévu que l'IEEI soit un partenariat autonome ouvert à tous les pays. L'initiative vise à promouvoir une diffusion mondiale et rapide des meilleures pratiques en matière d'efficacité énergétique et d'énergie renouvelable à petite échelle afin de soutenir les efforts fournis pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, et à contribuer au renforcement des capacités pour mettre en œuvre les éléments relatifs à l'efficacité énergétique contenus dans les plans climats nationaux (NDC). Les membres de l'initiative la lanceront officiellement au cours de la COP22. Les participants à la journée de l'énergie reconnaissent que l'Accord de Paris ancre fermement l'urgence des mesures climatiques dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté. La transformation des systèmes énergétiques mondiaux doit être juste, ne laissant personne de côté. Cette grande ambition est renforcée par l'Objectif de développement durable n°7 des Nations Unies, qui appelle à l'accès universel à une énergie abordable, fiable, durable et moderne. Le fait que 1,1 milliard de personnes aujourd'hui dans le monde n'ont que peu ou pas accès à l'électricité et que 2,9 milliards de personnes continuent de compter sur des combustibles solides producteurs de fumées et dangereux pour cuisiner et se chauffer nécessite une attention urgente. Dans ce contexte, les femmes et les enfants souffrent des changements climatiques et de la pauvreté énergétique de façon disproportionnelle. Le déblocage des financements qui soutiennent l'accès à l'énergie jouera un rôle direct non seulement dans l'autonomisation des femmes, mais aussi dans leur sécurité, leur santé et leur prospérité, tout en en bâtissant des communautés plus résistantes au travers du monde.