Pour une question de calendrier, notamment la tenue du dernier festival du court métrage méditerranéen à Tanger, la journée nationale du cinéma a été reportée au 21 au lieu du 16 octobre, date retenue officiellement pour fêter le cinéma national et en même temps se pencher sur quelques problèmes qui entravent le développement de notre cinématographie. Cette année, c'est l'industrie cinématographique marocaine qui a été retenue comme thème de cette journée à laquelle ont été conviés les professionnels du secteur. Parler d'industrie, c'est en principe constater une fabrication en série susceptible de drainer des consommateurs en masse et la disponibilité d'un produit en grande quantité. Si c'est le cas des tomates et des phosphates, l'est-il réellement pour le cinéma marocain. Autrement dit, peut-on considérer la fabrication des films, les productions étrangères et le parc des salles comme les composantes essentielles d'une industrie alimentant potentiellement ou modestement notre économie, à l'instar des pays où l'industrie des films est une réalité dynamique conséquente? Il est vrai que le cas du Maroc est tout à fait différent de celui de l'Inde où le taux de production en matière de longs métrages avoisine les 800 films, que celui des Etats-Unis n'est pas loin des 500 films, comme celui de la France qui s'efforce de le garder autour de 200 films. Notre cinématographie est évidemment beaucoup moins importante avec un taux de production moyen qui est le dixième de celui des Français. Encore que ces films, aussi bien en Inde, en Amérique qu'en France, trouvent une large audience publique à travers un nombre convenable de salles de cinéma. Chez nous, hélas, le seuil minimal est atteint l'année dernière, quand on recense pour la première fois dans l'Histoire du cinéma dans notre pays moins d'un million de spectateurs qui ont fréquenté les 30 salles restantes et qui composent aujourd'hui le parc des salles. Ce n'est pas suffisant et cette réalité fait du mal rien qu'en y pensant en particulier chez la génération du péplum et western spaghetti, celle qui a connu les heures de gloire du cinéma à grand public, et quand le cinéma était draineur de foule et d'argent. Reste les productions étrangères, qui sont la tête de lance du cinéma au Maroc. Depuis les années 40, le Maroc s'est érigé en terre de tournage de films de toutes sortes provenant de tous les horizons concurrençant des pays de grande tradition cinématographique. L'élan a toujours été maintenu et jusqu'à aujourd'hui, avec cette reconnaissance internationale de plus en plus ample. Les films tournés chez nous sont le fruit de cinéastes de renommée, engagent des célébrités de grande envergure et sont de plus en plus coûteux. Le climat, le relief, la main d'œuvre comme la souplesse de la réglementation sont autant de facteurs qui orientant les productions étrangères vers "le pays où rarement la pluie vient perturber un tournage". C'est surtout cet atout qu'il faut consolider pour instaurer une industrie cinématographique "très spécifique".