Bizarre est la position de la France à l'avènement du western européen durant les années 60 et 70. La majorité de ce genre de films produits lors de ces décennies étaient réalisés par des cinéastes italiens, tournés en Espagne, joués par des acteurs d'Italie, de France, d'Espagne et d'Allemagne, pays qui les coproduisaient aussi. On ne comprend toujours pas pourquoi la France, pays à grande tradition cinématographique, produisant un grand nombre de films, dotée d'une industrie et de cinéastes influents, s'est-elle facilement désistée quant à la réalisation des films au profit de l'Italie, propulsant pour l'occasion des cinéastes qui n'ont pas encore fait leur preuve, et qui préféraient se cacher quasi lâchement derrière des pseudonymes. En matière de westerns, l'Amérique peut témoigner de l'existence de cinéastes français chevronnés, capables de concurrencer les tacherons de Hollywood, voire les dépasser parfois. Le cas de Jacques Tourneur est très significatif, lui, réalisateur de remarquables westerns hollywoodiens et qui relèvent aujourd'hui de l'anthologie du cinéma. Existent également des réalisateurs de westerns apparus bien avant l'époque des spaghettis mais qui préféraient investir dans la parodie westernienne notamment Jean Bastia avec son "Dynamite Jack"(1961), conçu autour de Fernandel comme "Sérénade au Texas"(1958) de Richard Pottier conçu autour de Bourvil trois auparavant. Il a fallu l'acteur Robert Hossein pour que le genre soit enfin sérieusement pris en mains à travers l'expérience de "Une corde, un colt"(1968), produit dans le même esprit que pour les westerns-spaghetti tant au niveau du tournage, qu'au niveau de la production et distribution, film auquel participa le jeune débutant ... Sergio Leone. Plus tard, hormis les dessins animés exploitant à outrance le personnage de Lucky Luke, notamment dans la saga des Daltons, des films plus consistants vont voir le jour. La consécration viendra avec "La bataille de San Sébastien"(1969) d'Henri Verneuil qui prouva au monde le talent et la générosité créative de ce cinéaste venu de Turquie et capable de s'adapter à tout genre n'hésitant pas à engager les vedettes du western hollywoodien. Quant au "Pétroleuses"(1971) de Christian Jacques, profitant de la popularité des vedettes Brigitte Bardot et Claudia Cardinale, il va surtout permettre une décomplexation des cinéastes envers ce genre purement américain et toujours d'actualité.