Il est audacieux, créatif et passionné. Il s'appelle Said C. Naciri, et son film d'action marocain, «Kane yama kane», sort le 12 mars en salles après avoir fait sensation dans les festivals. Rencontre avec l'authenticité «made in Morocco»... Si Sergio Leone est le père du western spaghetti, Said C. Naciri pourrait être le précurseur du western «tajine» ou «couscous». Le jeune réalisateur, qui essaie de marier sa cinéphilie à sa culture, se lance dans le western marocain avec «Kanyamakan», un film d'action qui s'inspire à la fois de sa culture cinématographique, de ses racines ainsi que de son expérience aux Etats-Unis où il a fait des études de cinéma. «J'ai toujours voulu faire du cinéma dans la mesure où j'ai toujours été fasciné par les films d'aventures et d'action. Je suis allé puiser dans ce que j'aime le plus : les westerns, qui m'ont bercé plus jeune, ou les films d'action comme Indiana Jones», explique Said C. Naciri qui a voulu devenir réalisateur, ou plus généralement travailler dans le domaine du cinéma, depuis que son père a apporté une caméra à la maison. Il n'avait que 5 ans. Fasciné par l'objet grâce auquel «on se retrouve à la télévision», il se retrouve à Los Angeles, à la L.A Film School , là où son rêve peut commencer à devenir réalité. Conscient que les Etats-Unis étaient une évidence au vu de ce à quoi il aspirait, il assouvit sa soif d'apprendre et se forme pour réinjecter son savoir au Maroc, appliquer ce qu'il a accumulé comme théories et expériences. Des théories qu'il a mises à profit lors de stages dans le pays de l'oncle Sam avant de décider de rentrer, et d'apporter une pierre à l'édifice de l'art au Maroc. Cet amateur du Hollywood des années 1950-1960 souhaite élucider un premier mystère: pourquoi le cinéma marocain n'utilise pas la richesse du pays alors que d'autres en connaissent la valeur? «Je me suis toujours demandé pourquoi notre cinéma ne recense pas de films qui utilisent les décors et les paysages incroyables dont nous disposons. Etudiant, j'ai fait un voyage qui a été révélateur pour moi. J'ai découvert le désert marocain, d'Erfoud à Ouarzazate, tous ces beaux paysages que l'on n'utilise pas, et je me suis dit que je les utiliserai dans mon film». C'est désormais chose faite dans «Kanyamakan». Cependant, une fois le problème du paysage réglé, il reste à savoir comment mêler la culture marocaine à celle du western. «Nous avons une culture des Mille et une nuits, plus précisément une culture des contes comme l'illustre la place de Jamâa El Fna, ou les histoires de grands-mères avec lesquelles on a grandit. La meilleure approche que j'ai trouvée, c'est de débuter avec un conte... puisque les contes commencent par «kane ya makane», continue le réalisateur qui fait un clin d'œil aux chefs-d'œuvre du western comme «Il était une fois l'ouest». «Il fallait assumer s'appeler comme cela. J'ai longtemps hésité, d'ailleurs. L'utiliser humblement était une évidence, mais pour moi «kane ya makane» est la façon dont commencent nos histoires, c'est notre culture!». Une culture au profit de la culture du western à thèmes qui lui sont chers comme la rédemption du voleur, qui devient bon. Un voleur qui devient bon d'ailleurs, brillamment interprété par l'acteur principal, qui est arrivé sur le plateau en tant que chorégraphe et qui s'est retrouvé acteur. «Il est difficile de trouver un acteur au Maroc qui mêle action et jeu». Le film est éprouvant et physiquement intense: combats, scènes de course, cheval et confrontations font du tournage une aventure à l'américaine dans des décors marocains qui a nécessité un gros travail de pré-production. Un travail de longue haleine et en profondeur pour un projet qui tient à cœur à Said C. Naciri depuis longtemps, puisqu'il y pensait déjà pendant les études. Il y pense tellement que pour lui la musique du film s'impose par elle-même: il travaillera avec Hoba Hoba Spirit et Rachid Taha. C'est chose faite! Un résultat décapant à découvrir le 12 mars dans les salles. En attendant, Said C. Naciri pense déjà au prochain film. Il sera dans la même veine puisque, pour le réalisateur, il n' y pas de cinéma pour jeunes ou de divertissement : «moi je veux continuer à divertir et à amuser!». Chose promise, chose due !