Le Festival National du Film (F.N.F.), est toujours l'occasion de se pencher sur la situation de notre cinéma, un cinéma modeste et même très modeste compte tenu du nombre de longs métrages produits annuellement, du nombre de salles qui commercialisent ces films et du budget alloué pour les financer. Avec un taux de production avoisinant la vingtaine, nous restons bien loin des pays potentiels en matière de production cinématographique notamment l'Inde (700 films), les Etats-Unis (400 films), la France (200 films), les trois pays les plus producteurs depuis des décennies, suivis par des pays de cadence moyenne dont le Brésil, l'Argentine, le Japon, la Turquie, la Chine et l'Iran (entre 80 et 100 films). Ce dernier pays compte dans sa seule capitale plus de 40 salles, c'est à dire plus ce que compte tout le territoire marocain, d'une part; et d'autre part, ses films ne coûtent pas plus chers que les produits nationaux. Mais si on ne tourne pas de films étrangers dans le pays des Mollahs, le Maroc est un plateau permanent des productions étrangères avec une moyenne de 20 à 30 longs métrages par an, tournés dans leur plupart dans le sud marocain. Curieusement, ce chiffre est resté stagne depuis les années 40 c'est à dire bien avant que Ouarzazate devienne un pole d'attraction pour les cinéastes américains et européens, car ce Hollywood marocain n'a connu son premier tournage qu'au début des années 60 avec l'avènement de "Lawrence d'Arabie". Mais peut-on prétendre disposer d'une industrie avec ces chiffres dérisoires et comptant essentiellement sur la devise étrangère ? On ne peut le croire et la réalité, hélas, vient contredire toutes les ambitions aussi irréelles soient-elles. Toute industrie est basée sur la production locale dans un but de commercialisation interne et externe. S'agissant des films de long métrage, car les seuls commercialisés, leur rentabilité ne peut être assurée par la trentaine de salles que compte le parc et par le chiffre de plus en plus inquiétant du nombre de spectateurs avoisinant difficilement 1,5 million au moment où la France compte 192 millions de spectateurs de cinéma. Même le Maroc, mais il y a 20 ans, comptait 50 millions de spectateurs recueillis par pas moins de 250 salles. L'age d'or du cinéma au Maroc est révolu, car nous vivons une autre époque régie par une autre mentalité menée par une jeunesse insouciante dans son rapport avec le cinéma en particulier. Elle privilégie l'image dans ses différents supports, petits et grands, mais savourée passionnément à titre individuel. C'est là le drame du cinéma qui a survécu jusqu'à présent grâce à caractère collectif.