Les négociations entre le gouvernement, représenté par le wali de Rabat et la coordination nationale des professeurs stagiaires au Maroc, en présence de certains représentants des syndicats et de la société civile pour tenter de trouver une sortie de crise aux problèmes posés par les décrets 588.15.2 et 589.15.2 relatifs à la séparation entre formation et recrutement et aux bourses destinées aux étudiants stagiaires qui passent de 2450 dhs à 1200 dhs, s'enlisent faute de sens du compromis. Etrange stratégie de l'exécutif dans ce dossier qui aura au moins le mérite de mettre à nu les contradictions, les dysfonctionnements et tergiversations d'un gouvernement à voix multiples qui ne peut que trahir une absence de coordination regrettable et préjudiciable dans la gestion de cette crise. Alors que le ministère de l'intérieur négocie avec les enseignants stagiaires, comblant ainsi le déficit de communication du ministère de l'éducation et du chef de l'exécutif et ouvrant la voie à une solution négociée, le porte-parole du gouvernement ne fait, hélas, que multiplier les ultimatums qui ne font que radicaliser le mouvement des enseignants stagiaires, torpiller les négociations en cours et réduire davantage les chances d'une solution. Quant au département concerné, le ministère de l'éducation, il semble peu concerné par ce problème, s'embourbant davantage dans ces petits calculs d'affectations et de mutations qu'il a toujours du mal à rendre publiques. Résultat, les protestataires essuient d'un revers de main «les ultimatums et les menaces» du porte-parole du gouvernement («Reprise des cours dans les CRMEF dès la fin des vacances scolaires en cours sous peine d'une année blanche et de perte d'emplois pour toute la promotion») et comptent, selon leurs représentants, poursuivre leur mouvement et chercher d'autres formes de protestation. Et pourtant, on était proche d'une solution à cette crise avec des signes d'apaisement après la rencontre avec le wali de Rabat et la proposition avancée de recruter toute la promotion de cette année en deux phases, la première en août 2016 et la seconde 4 mois plus tard. On s'acheminait vers une suspension de la mise en œuvre des deux décrets pour l'actuelle promotion et le lancement d'un débat national autour de cette question, comme l'ont suggéré les représentants des syndicats et de la société civile afin de désamorcer la crise. Mais une certaine forme d'entêtement et certaines déclarations intempestives ont tout remis en cause nous ramenant à la case départ. Et cette fois-ci ce n'est plus le porte-parole du gouvernement qui s'illustre, mais son homologue chargé du budget, M. El Azami El Idrissi, qui a rendu public un communiqué du gouvernement qui précise «...il n'y aura aucun recul concernant les deux décrets... et que le dialogue se poursuivra». Etrange interprétation du dialogue puisque l'objet de la controverse c'est justement les deux décrets. Cela revient à dire : on discutera mais je ne bouge pas d'un iota. Ce qu'on pourrait tout simplement qualifier de dialogue de sourds. La réponse des protestataires ne s'est pas fait attendre refusant les propositions du gouvernement et demandant le retrait définitif des deux décrets. La coordination nationale des enseignants- stagiaires a rendu public un communiqué, à l'issu de la réunion de son conseil national, refusant catégoriquement les proposions gouvernementales ainsi que les tentatives d'intimidation et les menaces du gouvernement. Elle a aussi tracé un programme de lutte pour le retrait des deux décrets pour les deux semaines à venir, jusqu'au 14 février. Une façon de signifier que les cours ne reprendront pas avec la rentrée des vacances. Un nouveau bras de fer qu'on aurait pu éviter en ouvrant un vrai dialogue, loin des ultimatums et des menaces, inappropriés et contre productifs en pareil situation de conflit.