Bien que l'on ne sait pas encore la date du deuxième tour de la présidentielle en République centrafricaine, organisée en décembre dernier, la nouvelle carte politique de ce pays se dessine petit à petit. Car depuis le 10 janvier déjà, une vingtaine de candidats se sont ralliés au candidat indépendant Fautin Archange Touadéra, l'homme qui a créé la surprise, en accédant au deuxième, dans ce scrutin même, si cependant d'autres candidats réclament un décompte systématique des voix en raison des fraudes qu'ils auront constaté. Mais au-delà de cette fièvre électorale que connaît la RCA, la question lancinante est de savoir si les différents protagonistes à cette élection mettront de côté leur soif du pouvoir et penser aux intérêts supérieurs de la nation ? Que de chemins parcourus pour arriver à cette présidentielle. En effet, après deux ans et demi de crise, la Centrafrique s'efforce aujourd'hui de se remettre debout et pour cela la tâche s'annonce immense car il faut faire taire définitivement les armes. Ce n'est pas tout. Il faut aussi reconstruire l'Etat, réconcilier des populations qui se sont déchirées et faire rentrer ceux qui ont fui. A cet effet, le forum de Bangui a essayé de diagnostiquer les problèmes et qui a abouti à la signature d'un accord de désarmement sans que véritablement cela ne soit concrétisé sur le terrain. Dans cette période charnière et de dernière chance, les multiples solutions ont été mises en œuvre avec beaucoup d'illusions. D'où l'inquiétude pour que le pays ne bascule de nouveau dans la violence et la guerre. Et les souvenirs douloureux sont là pour le rappeler : depuis la conquête du pouvoir par la Seleka fin mars 2013, la République centrafricaine est entrée dans un cycle de violences et de vengeances dont elle peine à sortir. Meurtres, mutilations, viols, pillages : des milliers de vies ont été brisées. Tels étaient le lot quotidien des Centrafricains. Un triste souvenir que les autorités de Bangui tentent d'enterrer. Sortir de l'abîme. Quoi qu'il en soit, ces élections représentent un espoir pour un grand nombre de Centrafricains de tourner enfin cette page sombre de leur histoire, qui a commencé à s'écrire en 2012.