Comme toutes ces substances propulsives, si nécessaires aux vivants, se nourrir, dormir, respirer.... et par ses multiples et inestimables valeurs, l'activité jeu mérite amplement, une haute attention. Une vie aride de plaisir du jeu, réduite à une atmosphère figée, pourrait-elle briller si lumineusement de ce bien-être d'existence ? Le jeu n'est-il pas l'irremplaçable dynamiseur du développement physique et mental de l'être humain ? Ce propulseur de l'âme et du corps, est un élément majeur par lequel l'humain s'est toujours laissé viscéralement entrainer ou emporter. En leur temps, les pharaons se consacraient déjà à la distraction. De nos jours, le jeu se voit attribuer le statut d'un droit fondamental, pour l'enfant, et pour cause. Cette passion tend à emballer ses grignoteurs dans des sphères arroseuses de plaisirs et autres sensations, dont l'intensité se déguste naturellement au gré des circonstances, le genre et l'altitude de l'événement. L'appétit du jeu nait d'un penchant si prenant, si frétillant, qui éjecte avec certaine force invisible au cœur des jeux. L'activité s'inspire du désir de se couper du répétitif, de briser le constant, de se détacher, tourner le dos à l'habituel. Lorsque la distraction est en mode collectif, le jeu est lieu de partage, support de cordialité, ou encore un sérieux atout pour surpasser, aller au delà de cette entente de partage, s'intégrer dans un groupe, se faire accepter par une communauté. Un sujet peinera à s'intégrer pleinement au nord de la France n'accordant pas d'intérêt à l'activité phare (tarot) de la région. Tout comme au Maroc, être adopté par un groupe de retraités interactifs en jeux de dames, s'il n'est pas familier à ce même dispositif d'occupation. Circonstances ludiques... Rapprochements sociaux, relations amicales, homologues ou tiers, groupes de pairs, liens familiaux, ou autres, se sont souvent tissés simplement au gré des circonstances ludiques. Les enfants de milieu modeste, créent leurs propres jeux, sans le moindre frais, qu'ils consomment aussi splendidement que convivialement. Ce temps-là ? Fini ou sur le point de l'être. Ce mode d'interaction est révolu. Avec l'urbanisation, les espaces de jeu deviennent oiseaux rares. Les risques d'accident s'amplifient, les jeux se vivent à l'ombre. Tout a changé, quotidien, mode de vie et bien d'autres préoccupations encore. Le jeu se métamorphose, se sophistique, change de visage sinon de paysage. L'heure est nettement à la technologie. Soumise à ses maitres à penser, la technologie exécute des impératifs, envahit lieux communs et singuliers, use de ses performances. Créatrice de biens mais aussi de sensations qui se rythment aux amers désenchantements. Néanmoins, elle est toujours fidèle, présente, inondant généreusement, tout espace, jusqu'au dernier petit et invisible recoin. La technologie investit adulte, jeune et moins jeune, urbain ou rural, riche ou moins fortuné, le marchand de gros comme le vendeur ambulant, cultivé ou peu instruit. Tous ou presque, disposent de l'outil électronique. L'outil se prête aussi bien à communiquer qu'à jouer. Les technologies pleuvent ! mais pas de pluie, d'accessoires si nécessaires ou si frivoles. Des nouveaux nés, des jeux mobile ou de poche, des jeux vidéos, des Smartphones, i phone, i pad, i pod, et bien d'autres gadgets technologiques, pour s'occuper, jouer ou échanger, voir ou être vu, transmettre le soi et autres liens intimes. Des outils à manipuler, à chatouiller, comme pour jouer. Ces sophistications peuvent apporter mais lorsqu'elles sont sagement gérées. De nos jours l'enfant ne fabrique plus. Il est servi, intentionnellement convoité et provoqué. Bien entouré, il navigue au milieu de tous ces nombreux attrape - doigts, les siens et ceux de son entourage. Des parents s'interrogent, d'autres ne se posent même pas la question. Ces derniers dotent leurs progénitures et se déchargent. Ils adorent la paix, se libèrent. Pratique non ? Il n'y a pas de mal, seulement ce n'est pas toujours éducatif. Ces occupations électroniques, ludiques, instructives, supposent un certain choix, une certaine réflexion, aussi modeste soit-elle. Une judicieuse exploitation de l'outil est à même de contribuer à la richesse capitale des connaissances et des compétences. Les pratiques sensés de ces jeux technologiques sensibilisent le réflexe, l'instantanéité de l'action, contraignent l'esprit à se déterminer au plus vite dans les prises de décision, à trancher, à se rythmer au tac au tac... Les jeux électroniques attirent, excitent, enflamment le mental, font vibrer, entrainent aussi souvent impitoyablement à l'usure de temps. Les enfants sont pris par le jeu, ils oublient le monde qui les entoure, décrochent de la réalité, délaissent les moments de repas familial et convivial. Pire, ils oublient d'exécuter méticuleusement leurs devoirs. Les impératifs scolaires sont bâclés ou laissés pour compte, oublient le sommeil. Ces jeunes enfants passent à coté de nombreuses autres choses, ignorent les aires de repos, le temps de rêver, de gouter au moins au rudimentaire de la méditation. Pas de temps donc à donner à d'autres activités, ni pour s'arrêter ni pour rêver ou encore pour apprendre à sentir autrement, à s'interdire toute friction, quand bon leur semble. Tout simplement. Les jeux électroniques se banalisent ? Peut-être ! Compris ? Pas forcement ! Inventions et exploits s'éditent dans un monde, mine de rien, spécifique d'aspects plus au moins étanches, loin de relever toujours de l'évidence, quant à son rouage, quant à ses règles de bons usages. Une planète plutôt à part. Faute de culture de ce monde ludique ou éducatif, valeurs et intérêts liés à ces jeux ne seraient ni si perceptibles ni si accessibles. La culture de ce dispositif est une école. La maitrise de la discipline de ce savoir peut contribuer au développement et l'épanouissement d'un sujet. Des hautes instances internationales, au gré d'approches scientifiques, tentent de comprendre les valeurs des jeux ainsi que leur exploitation pédagogique, à coup d'expérimentation en classe. Ces outils impliquent décorticage et rigueur outre la planification stricte des plages-temps de leur usage. Alors seulement, dans ce cas, pourrions-nous gratifier, aussi légitimer un gain de cause mérité, au profit de notre dame « technologie ».