La charte nationale de l'éducation et de la formation est toujours d'actualité, son processus de mise en œuvre n'étant pas encore arrivé à terme, selon le rapport d'évaluation sur l'application de la charte entre 2000 et 2013. Le rapport, élaboré par le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, recommande la recherche d'autres options susceptibles d'accélérer la réforme pour réaliser une avancée qualitative dans le système de l'enseignement au Maroc. Ce rapport d'évaluation donne suite aux Hautes orientations Royales contenues dans le Discours du 20 août 2013, dans lequel le Souverain avait chargé le Conseil de réaliser une évaluation des acquis de la décennie de la Charte nationale d'éducation et de formation, a affirmé lors d'un point de presse, vendredi à Rabat, le président du conseil, M. Omar Azziman. Pour l'élaboration de ce rapport, l'Instance nationale d'évaluation auprès du Conseil s'est appuyée sur les standards et indicateurs scientifiques en vigueur dans le domaine de l'évaluation de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, a souligné M. Azziman, ajoutant que le rapport vise à évaluer à partir des leviers et des objectifs de la Charte Nationale d'éducation et de formation, les écarts enregistrés durant la période de 2000 à 2013 dans sa mise en œuvre. Le rapport, a-t-il dit, a mis l'accent sur les acquis, aux premiers rangs desquels figurent la quasi-généralisation de l'enseignement et la réduction des disparités d'accès à l'éducation et sur les dysfonctionnements persistants, notamment l'abandon scolaire, tout en identifiant les défis que le système éducatif se doit de relever pour réussir sa mise à niveau. M. Azziman a indiqué que le conseil a opté dans l'élaboration de ce rapport pour une approche basée sur la concertation et l'écoute des différents acteurs concernés par le secteur de l'éducation et la formation, dont des individus et des institutions marocains et étrangers, dans le but d'atteindre des consensus en ce qui concerne l'évaluation des insuffisances et les moyens à mettre en œuvre pour développer le secteur. Pour sa part, la directrice de l'Instance Nationale d'Evaluation auprès du Conseil, Mme Rahma Bourkia a souligné la nécessité de renforcer les efforts en matière de généralisation de l'enseignement pour plus d'efficacité sur la voie de la réalisation de l'objectif "l'éducation pour tous" à travers notamment la lutte contre l'abandon scolaire et l'amélioration des conditions de scolarisation surtout en primaire. Le rapport recommande à cet effet le renforcement de l'autonomie des académies et des universités tout en diversifiant l'offre universitaire et renforçant le rôle de la formation professionnelle, mettant l'accent sur les grands défis que l'école se doit de relever dont la croissance démographique et son impact sur l'enseignement collégial secondaire et qualifiant et universitaire, les sources de financement, la question linguistique, la qualité et la concurrence internationale. Le rapport s'attend à ce que le nombre des étudiants atteindra entre 2021 et 2022 près de 1,5 million personnes, ajoutant que malgré l'augmentation du budget du secteur de 7,15 pc au cours de la période 2001-2013, l'abandon scolaire a été préjudiciable à cet effort financier pendant la décennie de la réforme, sachant qu'entre 2000 et 2012, quelque trois millions d'élèves ont quitté l'école avant la dernière année du secondaire collégial, 1,3 million au secondaire qualifiant et 5,58 millions avant de décrocher le baccalauréat. La généralisation de l'enseignement n'a pas atteint ses objectifs au moment où l'enseignement privé s'est concentré dans les grandes villes, a constaté le rapport, mettant l'accent sur les difficultés des familles nécessiteuses surtout dans le monde rural. Et d'ajouter que le rapport se basant sur le programme national d'évaluation des acquis 2008 et les résultats d'autres études internationales, a indiqué que la majorité des élèves participant à ce programme, ont eu des notes au-dessous de la moyenne en mathématiques, la physique et la science et vie outre les langues arabe et français, imputant ce résultat aux conditions de l'enseignement, à la qualité de l'encadrement et au recours limité aux nouvelles technologies et la communication socio-culturelle, entre autres. Quant au rendement au niveau de l'enseignement supérieur, le taux de réussite à la dernière année est passé de 14 pc en 2006 à 19 pc en 2009, a précisé le rapport, notant toutefois une baisse de la production scientifique.