La justice ivoirienne a annulé vendredi la suspension du président du Front populaire ivoirien (FPI) prononcée par une faction rivale, dernier épisode de la lutte fratricide au sein du parti de Laurent Gbagbo à six mois de la présidentielle d'octobre. Le tribunal « annule toutes les résolutions », a déclaré le juge Ahmed Coulibaly. « La fronde est déboutée », s'est réjoui Mamadou Sanogo, un proche du président du FPI, Pascal Affi N'Guessan, qui avait saisi la justice pour invalider cette décision. La suspension de M. N'Guessan avait été prise en mars, lors d'un comité central extraordinaire réuni alors que M. N'Guessan comparaissait aux côtés de l'ex-Première dame Simone Gbagbo et de 77 co-accusés devant la cour d'assises d'Abidjan pour atteinte à la sûreté de l'État commise durant la crise post-électorale de 2010-2011. « Interdiction » est faite aux « frondeurs » « d'utiliser le logo et le sigle du FPI et de poser tout acte au nom du FPI sous peine d'amende de 10 millions de francs CFA (15.000 euros) » à chaque infraction, a poursuivi M. Sanogo. « Oh honte! Affi n'a qu'aller prendre sa carte au RDR » (le parti au pouvoir, NDLR) ont réagi en choeur une centaine de militants, après la décision de la justice qui selon eux, « ne juge pas, mais exécute des ordres ». « La décision est immédiatement exécutoire nonobstant l'appel », a commenté Michel Sery Gouagnon, un opposant de M. N'Guessan, qui en a confirmé les dispositions. M. Gouagnon a également dénoncé une justice politique oeuvrant au profit du « boy du roi », le président du FPI, qui est accusé par ses adversaires de collusion avec le pouvoir. Principal parti d'opposition, le FPI est divisé en deux camps : le premier veut concourir à la présidentielle d'octobre derrière M. N'Guessan, quand le second refuse un tel scénario et fait de la libération de l'ex-président Laurent Gbagbo « le coeur de la stratégie de lutte du parti ». Les deux factions se sont déjà affrontées en justice en décembre, déjà à l'avantage de M. N'Guessan. En février, une rencontre de la jeunesse du FPI s'est terminée en pugilat entre des pro-Affi N'Guessan et des pro-Gbagbo. Laurent Gbagbo est écroué depuis fin 2011 à La Haye, où il doit être jugé en juillet par la Cour pénale internationale pour des « crimes contre l'humanité ».