La situation reste tendue dans la ville d'In Salah, dans l'extrême sud de l'Algérie, au lendemain des premiers affrontements survenus, samedi, entre manifestants et forces de sécurité depuis le déclenchement du mouvement anti-gaz de schiste, indique-t-on de source locale. Après avoir limité leur action à des rassemblements et à des marches pacifiques depuis plus de deux mois, les citoyens d'In Salah, qui enregistre une intensification des travaux d'exploration, ont tenté de prendre d'assaut la base de vie d'une entreprise étrangère, située à une dizaine de kilomètres de leur ville. Les "violents affrontements" entre manifestations et forces antiémeutes chargées de la sécurité des locaux de la société américaine Hillburton ont fait "des dizaines de blessés, dont plusieurs femmes", selon le quotidien "El Watan" de dimanche. "La tension est à son paroxysme à In-Salah, devenue, particulièrement après le discours du Premier ministre prononcé à l'occasion de la célébration de la nationalisation des hydrocarbures coïncidant avec le 24 Février, une véritable poudrière qui risque d'exploser à tout moment si des mesures sérieuses ne sont pas prises de sitôt", souligne de son côté "Liberté". Dans un communiqué rendu public la veille, le Collectif de In Salaha relève que la compagnie nationale Sonatrach "a décidé d'opérer le fracking en soutenant par un renfort sécuritaire extraordinaire l'entreprise Halliburton en charge des hydro-fracturations assassines", en faisant fi des "risques avérées" sur la santé publique et des "conséquences environnementales néfastes et malheureusement définitives sur l'eau et l'environnement". "Nous, citoyens algériens de In Salah, avons décidé d'empêcher l'entreprise de fracturer en construisant un barrage humain sur le site du forage et en barrant la route à Halliburton", prévient le Collectif, mettant l'accent sur le caractère pacifique de ce mouvement. Le président Abdelaziz Bouteflika, qui a qualifié le gaz de schiste de "don du ciel", avait appelé à fructifier les hydrocarbures conventionnels et non conventionnels ainsi que les énergies renouvelables dont dispose le pays et à en tirer profit, tout en veillant à assurer la sauvegarde de la santé de la population et la protection de l'environnement. Une forte mobilisation contre l'exploitation du gaz de schiste se poursuit, depuis janvier dernier, dans les régions du sud de l'Algérie, sur fond de vives inquiétudes relatives à l'impact de cette énergie non conventionnelle sur les rares ressources hydriques de leur région. Un forage de schiste nécessite des quantités d'eau plus grandes qu'un puits classique, alors que la région est très pauvre en cette matière vitale et dépend exclusivement des eaux souterraines, ce qui l'exposerait à un stress hydrique aigu, au cas où Sonatrach met à exécution ses plans de 200 forages par an pour une production de 20 milliards M3 de gaz. Confrontée à la baisse drastique des prix du pétrole, l'Algérie est tout aussi préoccupée par le tarissement de ses ressources d'hydrocarbures, précipitant l'orientation vers le gaz de schiste, en dépit de l'opposition des populations, des experts et des écologistes.