Les forces gouvernementales syriennes ont lancé, mardi 17 février, une offensive majeure pour prendre en tenaille les quartiers rebelles d'Alep. Le bilan se monte à une centaine de tués. L'armée syrienne, soutenue par des milices loyalistes, a pris le contrôle de plusieurs villages au nord d'Alep, dans le but d'encercler la grande ville du nord de la Syrie et de couper les voies d'approvisionnement des rebelles, a rapporté l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme (OSDH). «L'objectif est double pour les forces du régime. Couper la route reliant Alep et la frontière turque et imposer ainsi un siège total aux quartiers rebelles et, d'un autre côté, ouvrir la route menant à deux villages chiites pro-gouvernementaux Naboul et Zahra, assiégés par les rebelles depuis dix-huit mois, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon cette organisation, elles ont pris les localités de Bashkawi et Sefat, à 7 km environ au nord d'Alep, et les combats se poursuivent pour bloquer entièrement cette route d'approvisionnement, ce qui entraînera un siège hermétique de la partie rebelle de la ville. Les affrontements ont déjà entraîné une coupure du trafic sur la route qui passe par Tal Rifat jusqu'à la frontière. L'OSDH ajoute que des combats se poursuivent entre les forces gouvernementales et les rebelles plus au nord-ouest dans les localités de Ratyane et de Hardtanine. Selon des sources proches du régime Assad, le village de Hordateyn, dans le nord d'Alep a été pris par les troupes syriennes, leur permettant ainsi de compléter le siège de la partie orientale d'Alep qu'occupent les rebelles. Plusieurs villages sont passés sous contrôle de l'armée syrienne, dans le nord d'Alep, ce qui a permis de bloquer l'une des principales voies d'approvisionnement des rebelles en provenance de la Turquie. Les combats d'une violence inouïe se poursuivent entre les soldats assadistes et les terroristes d'Al Nosra, au nombre desquels figurent les takfiris d'origine occidentale. Le village de Bachkouï, dans le rif nord d'Alep, a également été pris dans la foulée de l'avancée des forces syriennes vers la ville de Sifat. Deuxième ville du pays, Alep est au cœur de violents combats entre les forces pro-Assad et différentes factions rebelles, dont le Front al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie, des brigades islamistes, des combattants étrangers et des groupes soutenus par les Occidentaux. Ancien cœur industriel de la Syrie, Alep est coupé en deux, depuis juillet 2012. Les rebelles se trouvent à l'est et le régime à l'ouest d'une ligne de démarcation qui balafre la ville du nord au sud. Dans la province d'Alep, c'est l'inverse, les forces du régime sont plus présentes à l'est, tandis que leurs adversaires sont présents ailleurs. Assad vainqueur du conflit ? Le quotidien arabophone, Al-Hayat qui paraît à Londres a publié, dans son édition du dimanche 15 février, un article qui souligne que désormais l'Occident modifie radicalement son approche quant à la crise syrienne, et considère le gouvernement du président Bachar al-Assad comme une partie de la solution et non pas une partie du problème. « Quand le président Bachar al-Assad réexamine les événements qui se sont produits depuis quatre ans, et quand il voit les puissances occidentales revenir sur leur position initiale, il a des raisons d'être fier de son action », écrit l'auteur. Il estime que c'est une victoire très importante pour le président Assad de voir l'Occident changer d'approche envers son gouvernement, en revenant sur sa position prise il y a quatre ans, au début de la crise. L'auteur de l'article ajoute qu'il ne faut pas minimiser l'importance des déclarations de l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui confirme, lui aussi, que le gouvernement de Damas est une partie de la solution de la crise syrienne, bien que les opposants au gouvernement d'Assad veulent le nier de toute leur force. Selon l'article du quotidien Al-Hayat, aujourd'hui, le gouvernement du président Bachar al-Assad n'est plus considéré comme un obstacle devant les efforts politiques pour trouver une solution à la crise. Al-Hayat ajoute que la position du président des États-Unis, Barack Obama, qui exigeait autrefois le départ de Bachar al-Assad, s'est transformée et il appelle aujourd'hui, implicitement, Assad à rester à la tête du pouvoir. L'article conclut qu'il s'agit d'un changement majeur, car Washington soutient maintenant les initiatives de la Russie pour résoudre la crise en Syrie, tandis que l'Occident avoue que la crise syrienne ne serait résolue que par la diplomatie, ce qui signifie en quelque sorte qu'il accepte les conditions du président Bachar al-Assad pour la sortie de la crise. D'après l'auteur de cet article, le changement de la position des gouvernements occidentaux envers Damas, n'est rien de moins qu'une révolution. Il écrit : « Aujourd'hui, ce sont les Américains qui soutiennent l'initiative de Moscou pour résoudre la crise en Syrie. Le porte-parole du Département d'Etat américain a annoncé explicitement que les opposants syriens ont intérêt à participer aux discussions organisées à Moscou. Le ministre russe des Affaires étrangères a eu donc raison de dire que l'Occident admet qu'il n'y a qu'une solution diplomatique pour mettre fin au conflit en Syrie. »