Les forces du régime syrien ont violemment bombardé mardi la périphérie de Yabroud, dernier bastion important des rebelles dans la région de Qalamoun, au nord de Damas, où l'armée a déjà enregistré d'importantes avancées. Dans un rapport publié mardi, la Coalition de l'opposition syrienne a affirmé que les forces du régime de Bachar al-Assad avaient tué près de 2.900 personnes, «dont plus de 200 enfants et 120 femmes», lors d'une vingtaine de massacres à l'arme blanche depuis le début en mars 2011 du conflit qui ravage le pays. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 126.000 personnes ont été tuées et des millions d'autres forcées à quitter leur foyer en près de 33 mois de bombardements et de combats. Mardi, les combats se concentraient autour de Yabroud, qui semble être, selon l'OSDH, le prochain objectif de l'armée. Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, les forces du régime, appuyées par des combattants du Hezbollah libanais et des milices chiites irakiennes, pilonnaient mardi les environs de Yabroud. Début décembre, douze religieuses d'un couvent de la ville chrétienne de Maaloula, située près de Yabroud et à 55 km au nord de Damas, avaient été conduites à Yabroud par des rebelles, accusés par le régime de vouloir en faire des «boucliers humains». Ces religieuses ont été enlevées et se trouvent avec des membres du Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, a assuré M. Abdel Rahmane en demandant qu'elles soient libérées et remises à la Croix-Rouge. Selon l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales, le régime contrôle désormais la quasi-totalité de la région de Qalamoun, et a repris en particulier les localités situées le long de la route Damas-Homs, qu'il se prépare à rouvrir. Outre Yabroub, les rebelles contrôlent cependant toujours Maaloula et restent présents dans plusieurs petits villages. La prise de la région de Qalamoun, à la lisière du Liban, permettrait au régime de s'assurer une continuité territoriale sous son contrôle entre les provinces de Damas et de Homs. Bombardements et combats à Alep Plus au nord, dans la province d'Alep, 12 combattants de bataillons islamistes ont été tués lors de combats dans le village de Maskana, a indiqué l'OSDH. A Alep même, des roquettes tirées par des «terroristes» sur trois quartiers contrôlés par le régime ont tué 12 civils et fait 50 blessés, selon l'agence officielle Sana. Plus au nord, les combattants du Front islamique se sont emparés du point de passage de Bab el-Hawa à la frontière turque, après un assaut sur des positions d'autres groupes rebelles dans le secteur, a indiqué l'OSDH. Près de Damas, quatre importants militants syriens, dont Razan Zeitouneh, prix Sakharov pour la liberté de l'esprit en 2011, avec d'autres militants du Printemps arabe, ont été enlevés par des inconnus, ont rapporté les Comités locaux de coordination, un groupe de l'opposition. A Madrid, le quotidien El Mundo a annoncé que deux journalistes espagnols avaient été kidnappés en septembre en Syrie par des jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), lié à Al-Qaïda. Le journaliste Javier Espinosa et le photographe indépendant Ricardo Garcia ont été enlevés près de la frontière turque, alors qu'ils se préparaient à quitter la Syrie après un reportage dans l'est du pays. Plus d'une soixantaine de journalistes ou citoyens-journalistes sont détenus, portés disparus ou retenus en otage en Syrie, selon Reporters sans Frontières (RSF), qui considère ce pays comme le plus dangereux au monde pour les journalistes. Depuis le début du conflit, 27 journalistes et 91 citoyens-journalistes syriens ont en outre perdu la vie. En visite au Koweït, le chef de la Coalition de l'opposition, Ahmad al-Jarba, a répété que le régime de M. Assad n'avait pas d'avenir en Syrie, et l'a accusé de fournir des armes aux jihadistes extrémistes pour tenter de faire échouer la rébellion. A Oslo, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), chargée de superviser la destruction de l'arsenal chimique syrien, a officiellement reçu le prix Nobel de la paix et annoncé que les destructions sur un navire américain pourraient commencer d'ici fin janvier.