Allô, la France, non mais allô quoi ! Est-ce qu'il y a quelqu'un au bout du fil ? Les Marocains attendaient d'écouter la voix du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, prochainement en visite au Royaume. Mais là, ils ont l'impression bizarre d'entendre plutôt celle de la gardienne des sceaux, Christine Taubira, qui débite vraiment n'importe quoi. Dans une déclaration publique reprise par les médias, Dame Taubira s'est épanchée en long et en large à propos du mépris qu'elle ressentait pour la notion de respect, prenant en contre-exemple celui des Russes pour leur religion, le christianisme orthodoxe, des Suédois pour l'image de la mort, selon leurs normes culturelles, et des Marocains pour leur Roi, en conformité avec leurs valeurs ancestrales. Elle ne s'est toutefois pas prononcée sur le mensonge par omission d'une personnalité politique sur ses titres académiques. Peut être une autre forme d'expression du mépris revendiqué, mais envers les citoyens français. Il faut croire que «Douce France» est présentement gouvernée avec une déplorable insouciance. La marche républicaine du 10 janvier avait déjà mis en relief le caractère factice de l'unité nationale dans ce pays, la course effrénée à la récupération politique de la tuerie de Charlie Hebdo ayant d'ailleurs révulsée pas mal de français. Mais la sortie médiatique de Dame Taubira est révélatrice d'une inconscience politique qui va au-delà du mépris envers les propres intérêts de son pays. Personne n'est dupe de ce qui amène le chef de la diplomatie française à venir au Maroc, son tropisme algérien n'étant plus à énoncer. Dans le cadre du débat sur les défaillances des services de renseignement français, qui n'ont pas vu venir les récents attentats terroristes à Paris, des experts dans le domaine de la sécurité ont désigné le gel de la coopération judiciaire et sécuritaire entre le Maroc et la France comme un facteur restreignant dans la lutte contre le terrorisme. Des personnalités politiques de droite ont d'ailleurs profité de l'occasion pour enfoncer le clou, accusant le président Hollande et le gouvernement Valls de ne pas avoir fait ce qu'il fallait pour protéger la vie des Français et à restaurer les liens avec le Royaume. Pragmatisme oblige, le chef de la diplomatie française a donc dû se résoudre à taire ses penchants idéologiques en annonçant sa prochaine visite au Maroc, pour servir au mieux les intérêts de son pays. Les Marocains n'en pensent pas moins, les relations avec la France demeurent d'une importance stratégiques pour le Royaume, même si, forcément, pas mal de choses ont changé. Mais voilà que Dame Taubira vient mettre le pied dans le plat. Règlement de compte avec le premier ministre Valls, qui avait coulé son projet de réforme pénale, tel qu'elle l'avait présenté en 2013 ? Acharnement antimonarchiste d'une gauchiste, qui a, de toute manière, déjà démontré sa révulsion envers les valeurs traditionnelles jusqu'à promouvoir une législation autorisant le mariage entre personne de même sexe ? Dame Taubira ne voit aucun inconvénient à ce que la foi de fidèles d'une religion soit bafouée en caricaturant leur prophète, mais se montre moins ouverte d'esprit quand c'est une jolie petite guenon qui est caricaturée en une horrible personnalité politique. Les animaux mériteraient, ainsi, plus de respect que les êtres humains, ce qui, toutefois, peut s'avérer justifié dans le cas de ceux qui prônent de laisser libre cours à la perversité. Que les choses soient claires. Les Marocains ne voient aucun inconvénient à ce qu'ils soient comparés aux Russes, avec lesquels ils partagent, entre autres valeurs, l'attachement à la religion, islamique pour les premiers et chrétienne orthodoxe pour les seconds, et le respect des symboles religieux et nationaux. Ce qui n'a d'ailleurs nullement empêché la Russie d'avoir une technologie spatiale avancée, ni le Maroc de multiplier les efforts pour rattraper son retard de développement à pas cadencés. Celle qui parle de failles dans les sociétés interdisant le blasphème feint d'oublier que les dites sociétés sont, dans les faits, beaucoup plus solidaires et soudées que celles des pays occidentaux. Les Marocains se désolent de voir la religion chrétienne malmenée dans les pays les plus antireligieux d'Occident, ses symboles galvaudés et ses valeurs moquées. C'est totalement inimaginable au Maroc, même si c'est un pays musulman. Celui qui s'y risquerait ne manquerait pas de se retrouver devant un tribunal à répondre de son outrage, outre la condamnation morale des millions de marocains musulmans. N'en déplaise à Dame Taubira, les Marocains sont extrêmement fiers que toutes les religions célestes connaissent dans leur pays le respect qui leur est dû. C'est ce qui a toujours fait la grandeur de la Civilisation islamique. La France, jadis fille aînée de l'Église, est hélas devenue le temple de l'athéisme agressif. Les Français ont rompu le serment de Clovis, au risque de subir la malédiction du vase de Soissons. Le Roi du Maroc est également le Commandeur des Croyants. Son rôle est multiple, celui ancré dans les esprits étant encore beaucoup plus large que celui inscrit dans la Constitution. Au-delà de sa fonction de clé de voûte de l'édifice sociopolitique de la nation, la monarchie marocaine est revêtue d'une dimension spirituelle, garante de la sérénité religieuse. C'est ce qui fait du Roi du Maroc un symbole expressément placé au dessus de la mêlée. Et si Dame Taubira s'imagine que c'est un privilège plutôt qu'une responsabilité, c'est qu'elle ne comprend rien à rien. Les Marocains ne sont pas Charlie et n'ont nul envie de le devenir, même s'ils sont solidaires envers les familles des victimes de la tuerie. S'ils se considèrent comme les partenaires, alliés et amis des Français, ils ne cherchent pas pour autant à les mimer. Chacun fait ce qui lui convient chez lui, se mêle de ce qui le regarde et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.