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Afin que les islamophobes ne récidivent plus
Publié dans L'opinion le 02 - 10 - 2012

La vive émotion et la colère soulevées par les extraits diffusés du film « Innocence of muslims » (innocence des Musulmans) et les caricatures du journal « Charlie Hebdo » commencent à s'apaiser, heureusement, de jour en jour. Mais des cendres peuvent cacher toujours un petit feu qui couve. Seule son extinction totale avec de l'eau empêchera un nouvel incendie. Peu d'observateurs s'inquiétaient d'un possible récidive des islamophobes malgré de nombreuses années passées, sans s'imaginer pour autant l'ampleur des derniers dégâts. Mais combien fut l'étonnement et l'indignation chez les uns et les autres en assistant à des scènes de violence à travers le monde, dépassant malheureusement les bornes d'une paisible manifestation dans certains pays musulmans. Quoique regrettables et condamnables, les actes de violence jaillissaient de cœurs blessés et froissés dans leur foi et leur raison d'exister, estime-t-on. Le problème est donc complexe et délicat. Tant par ses racines et sa nature que par ses espaces géographiques et ses ramifications. Mais il est soluble si on s'y attelle sincèrement.
En effet, les paroles et les parodies attentatoires à la troisième religion monothéiste de l'humanité ne remontent pas à l'automne 2005 avec la diffusion des premières caricatures infâmes que nous connaissons. Leur chronologie remonte pratiquement à un quart de siècle après l'édition, en 1988, de l'ouvrage de Salman Rushdie intitulé « Les versets sataniques ». Un roman blasphématoire à l'égard de l'Islam, diffamatoire envers le Prophète (que la Paix soit sur Lui). Même si certains chroniqueurs se réfèrent au 17 septembre 2005 en parlant d'islamophobie européenne. Date de publication d'un article intitulé « Peur profonde de la critique de l'Islam » dans les colonnes du journal danois Politiken. Pour l'Occident cela est globalement normal puisque relevant du droit de parler. Il continue donc de parler, souvent vilement. Mais inacceptable pour le monde islamique, parce que plus qu'une provocation, c'est du blasphème envers sa religion. Il continue alors de condamner, parfois violemment. Qui a raison ? Qui a tort ? Comment agir ? Pour répondre à ces questions, le plus sereinement possible, il convient de rappeler d'abord les événements marquants et les auteurs singuliers de cette controverse conflictuelle.
Il y a sept ans, presque jour pour jour, le journal danois Jyllands-Posten publia douze caricatures sous le titre provocateur les visages de Mahomet. C'était le 30 septembre 2005. Ce fut l'étincelle qui alluma des flammes de violences internationales. On assistait à une polarisation d'un conflit déplorable. Des journaux en Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas Etats-Unis, France ... avaient aggravé la situation en publiant les caricatures danoises. Bien qu'à Paris, le Président Directeur de France-Soir fut limogé immédiatement. S'en suivit une escalade des attitudes entre des structures occidentales et le monde arabe dès février 2006 (manifestations multiformes, brûlure de drapeaux devant des ambassades, boycottage des produits danois, indignation de la Ligue arabe et de l'OCI (Organisation de la Conférence Islamique), tensions diplomatiques ...etc). Le 19 août 2007, le quotidien suédois Nerekes Allehanda publia une série de caricatures du soi-disant artiste Lars Vilks non moins vilaines que les danoises. Dans le même temps, des affiches représentant le Prophète de l'Islam dans des images et des qualificatifs trop humiliants (que l'éthique nous interdit d'évoquer) furent placardées à plus de vingt endroits par une formation politique anti-islamique suédoise (Skane Party). Loin de s'excuser malgré la plainte déposée contre lui pour « incitation à la haine », le leader de ce parti politique, Carl Herslow, déclara avec lâcheté : « Nous considérons l'islam comme étant une très dangereuse maladie contagieuse psycho-sociale. Ces affiches sont là pour défendre la liberté de la presse et la liberté d'expression». On assista ensuite à un nouveau regain islamophobe d'un autre Continent resté jusqu'ici moins implicitement impliqué dans la moquerie envers l'Islam : les Etats-Unis d'Amérique. Un « film » intitulé « Innocence of muslims » (innocence des Musulmans) dont seuls quelques extraits en bande annonce de 13 à 14 minutes ont été diffusés sur Internet dès juin 2012 montrait le Prophète Mohammed « en train de massacrer et de torturer », pour ne citer que des actes répugnants bien moins diffamants injustement attribués. Un débile et piètre film-pamphlet dont le réalisateur - déguisé sous un pseudonyme de Sam Bacile - possède déjà des antécédents judiciaires. Il déclara en outre que « l'Islam est un cancer ». Les réactions populaires du monde musulman ne tardèrent point à s'annoncer assez violemment dans certains pays. On déplora de nombreuses victimes et blessés dont notamment 12 morts en Afghanistan dans la seule journée du 18 septembre. Des diplomates américains furent tués en Libye dont l'Ambassadeur américain. Et comme si ces tensions ne lui semblaient pas suffisamment inquiétantes, l'hebdomadaire satirique français, Charlie Hebdo, décida de jeter de l'huile au feu en publiant, le 19 septembre, des caricatures « portant atteinte à l'islam et à son prophète » comme le confirmera Ahmed Al-Tayyeb le cheikh d'Al-Azhar (la plus haute autorité de l'islam sunnite basée au Caire).
Ainsi, de Copenhague à Paris, en passant par Stockholm et Washington les paroles et les dessins islamophobes comparables se succèdent et se relayent depuis des années sans se ressembler en formulations. Journalistes et hommes politiques semblaient s'entendre comme larrons en foire. S'attisant brusquement quand qu'on les croyait prêtes à s'éteindre, les flammes du conflit évoluaient en montées et descentes. Qui en sont les vrais souffleurs, pour qui et pourquoi ? Il nous semble plus pressant de connaître les moyens d'y mettre fin que de présenter la biographie des instigateurs. Les déclarations inconsidérées de Carl Herslow et de « Sam Bacile » (citées plus haut) sont d'autant plus dangereuses, injurieuses qu'injustes envers l'Islam. Dangereuses puisqu'elles incitent à la haine, confortent la thèse du complot anti-islamique et donnent des arguments d'action aux intégristes. Injurieuses et injustes parce qu'une religion qui prêche la paix et la tolérance ne peut être comparée à « une maladie contagieuse psycho-sociale » ni à « un cancer ». C'est plutôt ces deux agitateurs islamophobes qui, par leur incitation à la haine entre les religions et les races, semblent incarner les symptômes des maux qu'ils évoquent arbitrairement. Il est d'ailleurs révélateur de constater que leur islamophobie repose sur leur ignorance de l'Islam. Et pour cause. Leurs éducations, leurs passés, leurs métiers, leurs préjugés, leurs mentalités et leurs propres crédos constituent bien des variables explicatives dans les équations de leurs destins.
L'un, Carl Herslow, était « un employé dans une usine de caoutchouc, ayant fait des études de chimie » avant de se lancer hâtivement et tardivement dans la politique en créant un petit parti d'extrême droite, de faible audience. L'autre, « Sam Bacile », d'origine juive, est un « promoteur immobilier », « avide d'argent ». Même en remontant à leur doyen Salman Rochdi, l'on remarquera chez lui un athéisme total dont il se targue crûment : « Je ne crois en aucune entité surnaturelle, qu'elle soit chrétienne, juive, musulmane ou indoue » avait-il confirmé, durant l'été 1988, dans une interview au journal India Weekly. Ce vide spirituel profond n'aurait-il pas abrité en lui un diabolisme mental singulier, d'où tant de vérités concrètes et de concepts dialectiques de la vie lui paraissaient sataniques. Des créatures naturelles terrestres aux préceptes coraniques célestes en passant par des théories funestes, rien n'échappe à sa trappe quand il frappe. L'influence de son imaginaire quasi-dominante dans ses écrits est perceptible. Une concentration analytique en lecture nous la fait encore mieux apparaître. Qu'il s'agisse de ses sentiments sur des actes de Bhutto au Pakistan ou de ses visions sur des récits d'Al-Tabari. En somme, le démon et la diablerie ne sont pas toujours absents dans ses histoires, notamment celles portant sur des questions métaphysiques ou sur la divinité qu'il méconnaît complètement. Il en confondrait un ange avec Satan. L'on comprend donc l'enfantement de ses « versets sataniques » en 1988 tout en désapprouvant son contenu.
Aussi, ses critiques historiques ou politiques se réfèrent extravagamment, quelques fois, à des personnages fictifs ou utopiques. Et le brouillard de ses hallucinations cache encore plus de fictions qu'il n'en dévoile, même sur des sujets d'actualité réels. Ce culte, farouchement irréligieux et imaginaire, inspire certainement ses facultés de romancier et détermine « son style narratif, mêlant mythe et fantaisie (...) Ses contes, « fantastiques », se composent en bonne partie de « science fiction » (voir Wikipedia). Ainsi, légendes, fables, mythomanies, phantasmes et fantasmes jalonnent et fleurissent les champs de ses pensées. Ces éléments chimériques encastrés dans son âme et son intellect semblent l'enfoncer dans un « obscurantisme irréligieux » qu'il ne semble pas sentir en qualifiant l'Islam d'un « obscurantisme religieux ». Comble du paradoxe que de combiner deux concepts opposés ! L'Islam n'a-t-il pas combattu et vaincu l'obscurantisme du VIIe siècle (al jahiliya) au zénith de son existence en Arabie, grâce à son Prophète Mohammed (sws)? N'est-il pas étrange que les trois individus précités puissent s'attaquer à une grande religion et un illustre Prophète, que même des islamologues renommés ou des théologiens occidentaux en « dogme religieux comparé » n'auraient jamais évoqué avec autant de mépris ? Une religion planétaire dont ils ne semblent mieux connaître que le nom et un Prophète dont ils ignorent encore plus la vie, les attributs et les actions salvatrices pour l'Humanité. Qu'il nous suffit de signaler qu'au-delà des cinq devoirs primordiaux connus de l'Islam, cette religion, fondamentalement monothéiste à l'instar du judaïsme et du christianisme, est surtout un système de vie, de conduite et d'actes.
Fondé sur le socle de la paix (salam) dont il tire son nom (Islam), les préceptes spirituels qu'il instaure dans le rapport d'adoration du croyant avec Dieu n'estompent point les commandements qu'il établit dans les relations pratiques et morales entre les hommes. De son socle découlent alors les principes d'amour, de justice, de tolérance, de cohabitation, de respect, de solidarité et d'égalité entre les hommes. Sans xénophobie ni discrimination raciale. Voilà en somme les vrais piliers de l'Islam et ses grands dogmes dont l'espace ne nous permet guère d'étayer et de développer par des versets coraniques et des hadiths de la Sunna. Nous voyons donc que le problème ne réside pas dans l'Islam en tant que religion. Le Coran et la Sunna n'ont pas changé depuis plus de 14 siècles. Mais le comportement d'une catégorie d'adeptes peut dévier de cette croyance vers l'excès, dans un sens ou dans l'autre, face à des coreligionnaires modérés. Les sectes et les mouvances varient selon les cultes et les dogmes entre puritains, conservateurs, rigoristes, fondamentalistes, pacifistes, modernistes, réformistes, conformistes et extrémistes. Dans chaque religion se trouvent des orthodoxes et des hérétiques. Le radicalisme spirituel n'est pas l'apanage de l'Islam. A chaque doctrine ses survoltés ou ses brebis galeuses. Il y a des intégristes israélites, des intégristes chrétiens comme des intégristes islamistes. Le terrorisme émerge parfois des trois religions contrairement à leurs commandements moraux et pacifistes. Baruch Goldstein qui, le 25 février 1994 à Hébron, mitrailla et tua 29 arabes musulmans alors qu'ils étaient en train de prier un vendredi du mois sacré de ramadan n'était certainement pas un « israélite » modéré ni pacifiste, mis à part son passeport « israélien ». Ben Laden, dont nous n'approuvons nullement les méthodes violentes, n'avait pas encore passé à l'acte. Il avait attendu deux ans après le massacre de Goldstein, presque jour pour jour, pour se déclarer concrètement « ennemi officiel des Etats-Unis » (février 1996). Les islamophobes doivent se souvenir de tout cela. D'autant qu'un bon nombre d'entre eux sont originaires d'Israël et se réclament souvent du judaïsme. Certains journalistes scandinaves font partie de cette trempe. Pourquoi ne vouloir voir le « terrorisme » que chez ceux qui se disent musulmans sans distinction. En somme, les « intégristes terroristes », d'où qu'ils proviennent, ne représentent que leurs propres mouvances et assument pleinement les conséquences de leurs actes. Et « chacun porte sa croix » comme disent les Chrétiens qui, eux aussi, connaissent leurs terroristes.
Quant au Prophète Mohammed (que la paix soit sur Lui) Il avait indubitablement une conduite exemplaire, irréprochable. Il possédait des valeurs morales incomparables. Dieu n'a-t-Il pas loué ses vertus dans le Coran en lui disant « Tu es certainement d'une moralité sublime » (We innaka aâla Kholoqine aâdime). Cette attestation divine n'a pas besoin d'homologation humaine. Elle dépasse naturellement toutes les reconnaissances terrestres posthumes et postérieures que recevra le Messager d'Allah. Nous n'avons pas le propos d'exposer ici ces reconnaissances dont les Compagnons du Prophètes, certains membres de Sa famille et Ses condisciples étaient - en tête de liste - les mieux placer pour les émettre. Et même si nous pouvions élaborer maintenant une telle énumération, aucun de ses détracteurs occidentaux précités, à commencer par Salman Rushdi, n'y accorderait l'intérêt mérité. Mais puissent-ils considérer au moins les témoignages distingués des prestigieux penseurs et écrivains occidentaux dont la rigueur et l'honnêteté intellectuelles ne sont pas à démontrer. Là encore les déclarations abondent et se bousculent. Rappelons-en les plus adéquats par rapport au thème que nous traitons : Commençons par Alphonse de Lamartine.
« Cet homme était-il un imposteur? Nous ne le pensons pas après avoir bien étudié son histoire. L'imposture est l'hypocrisie de la conviction. L'hypocrisie n'a pas la puissance de la conviction comme le mensonge n'a jamais la puissance de la vérité (...) Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur des dogmes rationnels, d'un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet! A toutes les échelles où l'on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand? » (Histoire de la Turquie, Tome I, page 276-80)
Quant à Michael H.Hart, sa célèbre opinion sur le Messager d'Allah ne peut être ignorée que par des occidentaux mal placés pour parler de l'Islam : « Muhammad est le seul homme au monde qui ait réussi par excellence sur les deux plans: religieux et séculier. Certains lecteurs seront peut-être surpris de me voir placer Muhammad en tête des personnalités ayant exercé le plus d'influence dans le monde, et d'autres contesteront probablement mon choix. Cependant, Muhammad est le seul homme au monde qui ait réussi par excellence sur les deux plans: religieux et séculier ». (The 100: A.Ranking of the Most Influential Persons in History, Naw York: Hart Publishing Company, Inc.1978, p.33)
Georges Bernard Shaw venait renforcer l'opinion de Michael Hart sur le Prophète de l'Islam. Son témoignage est un apport complémentaire. Ecoutons-le : « J'ai étudié le merveilleux homme et à mon avis, loin d'être un Antéchrist, il mérite le titre de sauveur de l'humanité. » (The Genuine Islam'', Vol.I, n° 81936)
Enfin, à ceux qui ont douté ou douteraient encore de la mission prophétique de Mohammed (sws) Thomas Carlyle rejoignait le témoignage de Lamartine en estimant qu'« Il était de ceux qui ne peuvent être autrement que sincères et convaincus (...) Il était seul avec sa propre conscience et la réalité des choses... Une telle sincérité, ainsi qu'on veut bien la nommer, possède en réalité quelque chose de divin. Le discours d'un tel homme est semblable à la voix qui émane du cœur-même de la nature Les hommes écoutent et doivent écouter ce discours mieux que tout autre... Le reste n'est que futilité en comparaison. » (Thomas Carlyle dans « Heros and Hero-Worship », p.71).
Salman Rushdie a-t-il jamais écouté le discours du Prophète Mohammed mieux que tout autre, comme le lui conseille Thomas Carlyle ? Ses romans en conséquence ne sont-ils « que futilité en comparaison » ?
En réalité, les auteurs des témoignages précités n'étaient pas des louangeurs et n'avaient pas la réputation de complaire. Ils n'attendaient aucune récompense ni contrepartie de leurs déclarations, d'autant qu'ils n'étaient ni arabes ni musulmans. Mais leur conscience et leur honnêteté intellectuelle les incitaient à dire ce qu'ils pensaient, après étude approfondie. Leur célébrité et leurs dimensions intellectuelles universelles fixent la valeur de leurs témoignages, notamment sur le Prophète et Ses œuvres. Ils réduisent à néant tous les mensonges et les calomnies des islamophobes que nous avons évoqués plus haut (écrits et dessins).
Nous devons maintenant nous prononcer sur la problématique des caricatures par rapport aux notions de « liberté d'expression » et « liberté de presse ». S'il est vrai que « la figuration (en général) n'est jamais expressément condamnée en Islam », celle du Prophète, aussi symbolique et approximative qu'elle puisse être, n'est pas non plus recommandée. Même sur la base des descriptions rapportées par ceux qui ont esquissé Son portrait par écrit. A fortiori d'en faire une représentation railleuse et burlesque. Religion et sacralité ont toujours été étroitement associées depuis la nuit des temps, chez toutes les races et pays du monde. Même chez les polythéistes et les païens. Que leurs idoles et leurs fétiches soient des objets inertes ou des animaux qui marchent. L'exemple de la vache chez les Hindouistes est éloquent. Le simple fait de lui placer des hublots sur le flanc est considéré comme un acte haineux et irrespectueux envers leur religion. Salman Rushdie (dont l'origine est bien indienne) ne ferait pas poursuivre à coup de pierre une vache par l'un de ses personnages imaginaires dans ses romans, sous peine de se voir lapider par les Hindouistes. Encore oserait-il moins humilier une vache en passant dans une rue en Inde. Un Musulman ne le ferait non plus en aucun cas. Non pas par crainte de se faire lyncher en Inde, mais par respect aux autres religions, même celles des païens. Le Coran l'y oblige dans un verset coranique dont l'une des expressions centrales dit : « A vous votre religion et à moi la mienne » (lakoum dinoukoum wa liya dine). Nul besoin de rappeler que tous les autres Prophètes des religions monothéistes antérieurs au Messager d'Allah sont reconnus et respectés également en Islam. Les Serviteurs d'Allah restreignent ainsi leur liberté d'expressions au seuil du blasphème quand il s'agit de la religion des autres, quoiqu'ils en pensent. Mais la plupart des Occidentaux et des islamophobes ne partagent pas cette conviction. On l'a vu. Ils peuvent même trouver des défenseurs parfois. Soutenant le journal « Charlie Hebdo », l'ancien ministre français de la Défense, Hervé Morin, a déclaré que « la liberté de la presse existe pour tout le monde et concerne tout le monde (...) La presse a le droit de publier des caricatures ». Cette déclaration semble bien discutable. Les Prophètes ne ressemblent pas à « tout le monde » pour être caricaturés en dérision au nom de la liberté médiatique. Les ayant choisis comme Messagers, Dieu les a d'abord rapprochés de Son Être Suprême en les hissant au dessus de Ses créatures, et les a doté ensuite de pouvoirs extraordinairement adéquats pour réussir leurs missions. Une telle distinction céleste leur confère une sacralité religieuse. Moïse fut doté d'une supériorité prodigieuse sur tous les magiciens de son époque, dans une communauté où dominait la sorcellerie. Jésus fut pourvu d'une faculté surnaturelle à guérir les maladies et ressusciter des morts par la volonté divine, face à une société où la médecine fleurissait. Et Mohammed (sws) était enfin armé d'une éloquence coranique incomparable au sein d'un peuple d'arabes fasciné par la rhétorique. En somme, leurs relations spirituelles particulièrement sublimes avec le Créateur de la Terre et des Cieux à travers l'Ange Gabriel, les miracles qu'Ils accomplissaient pour le salut et le bonheur des gens et la protection divine dont ils étaient nantis leur conféraient certainement un rang supérieur au commun des mortels, dictant à leur égard révérence et déférence. D'ailleurs, le Prophète Mohammed (sws) aurait « demandé qu'il n'y ait pas d'image de lui pour ne pas devenir à son tour un objet d'adoration » selon l'exégète Al-Tabari. C'est pour cela que, pour les autorités religieuses musulmanes, aucun livre, aucun film, aucune bande dessinée ne peut faire apparaître le Prophète en personne. Il fallait donc trouver (dans certains pays islamiques chiites) « un système pour représenter le prophète (...) On a alors inventé la calligraphie qui est née dans les mosquées. Allah et le Prophète Mohammed ont trouvé leurs représentations dans un graphème. En fait, l'équivalent des icônes représentant Jésus dans les églises » expliquera Malek Chebel. Mais un « graphème » (unité graphique minimale entrant dans la composition d'un système d'écriture) n'est pas du tout comparable à une caricature railleusement burlesque et manifestement humiliante. Mais tous les concitoyens de M. Morin ne partagent pas son point de vue en voyant « tout le monde » accessible à la moquerie. « On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui » avait dit un jour le célèbre humoriste français Pierre Desproges. Pourtant, il avait la vocation de faire rire les gens comme tous les humoristes du monde. D'autant plus qu'il était réputé pour son « anticonformisme virulent ». Ne pas rire envers « n'importe qui » estimait-il. Et l'on ne peut pas dire qu'un Prophète est n'importe qui, après les explications que nous avons apportées sur le rang du Prophète et son rapport spirituel particulier avec Allah. Desproges n'aurait donc jamais eu la velléité de chausser les bottes de ses confrères danois et suédois et aurait même désapprouvé Salman Rushdie s'il était encore vivant. Quel sage fut-il en s'interdisant d'atteindre « tout le monde » de ses sketchs !
Que faut-il faire maintenant pour empêcher une réédition des violences provoquées par le film blasphématoire de Sam Bacile et les caricatures humiliantes envers l'Islam publiées par Charlie Hebdo ? Nous estimons qu'il faut agir sérieusement et vite. Ne dormons pas sur nos lauriers avant de cueillir les vrais lauriers de la victoire. Ce début d'accalmie doit être le climat d'un nouveau départ. L'adhésion de toutes les structures compétentes et concernées au niveau international par des mesures adéquates est un passage obligé vers la solution. Car ce n'est plus d'une guerre contre les intégristes islamistes qu'il s'agit, mais d'une « guerre contre l'Islam ». Or, la différence est grande. Nous avons tenté de le démontrer plus haut. Surtout que cette guerre semble être menée par des personnes qui devraient être les derniers au monde à parler de l'Islam. Autant que nous nous opposons à toute forme d'humiliation blasphématoire qui s'apparenterait aussi à une guerre contre le christianisme ou contre le judaïsme. Les blasphèmes n'ont rien à voir avec les droits de l'Homme, encore moins la « liberté d'expression ».
Nous rejoignons notre voix à celles qui suggèrent l'intervention de l'Organisation des Nations-Unis qui n'a pas réussi (depuis trois ans) à faire aboutir son projet de « pacte de non-atteinte aux religions ». Et c'est bien au Conseil des Droits de l'Homme que cela devrait s'élaborer naturellement. Les gouvernements européens, les ONG concernées, les théologiens, les intellectuels et toutes les structures intéressées doivent soutenir ledit pacte. Le Maroc, qui a déploré immédiatement les récentes violences de septembre, condamne également les agissements islamophobes et provocateurs envers l'Islam qui en furent la cause autant que leurs auteurs. Le soutien qu'il peut apporter au projet de pacte précité ne pourra être que notable compte tenu du rôle de Commandeur des Croyants qu'assume son Souverain S.M. le Roi Mohammed VI et du rite malékite sunnite de l'Islam (modéré) adopté et pratiqué par les Marocains.


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